Menu

Archive

Nomad #59 : Le parc national de Khénifra, cœur de la cédraie et la culture amazighe

Le Maroc dispose de dix parcs nationaux, chacun d’entre eux avec des paysages à couper le souffle. Après avoir parlé du parc national de Khnifiss, situé en plein désert, cette semaine, nous allons nous intéresser au parc national de Khénifra, le tout dernier créé au Maroc.

Le parc national de Khénifra est l'un des plus récents au Maroc. / Ph. DR
Estimated read time: 3'

Le parc national de Khénifra est le plus récent du Maroc. Créé en 2008, il bénéficie d’une situation stratégique juste entre les provinces de Khénifra et d’Ifrane dans la région de Meknès-Fès. D’une superficie de 200 000 hectares, le site est riche de sa faune et son rôle écologique majeur pour le royaume.

Sa création est due à une réponse d’urgence aux menaces pesant sur les ressources naturelles de la région. Cette dernière abrite deux autres parcs nationaux de renom, celui d’Ifrane et celui du Haut Atlas Oriental, ainsi que 16 Sites à intérêt biologique et écologique (SIBE).

«Le parc national de Khénifra est une continuation spatiale du parc national d’Ifrane, c’est pour couvrir toute la cédraie (forêt de cèdres, ndlr). Il a été créé principalement pour cet objectif», déclare à Yabiladi, Sidi Imad Cherkaoui, ornithologue et professeur à l’université Moulay Ismail.

Château d’eau

Du point de vue écologique, le lieu constitue un château d’eau principal pour le pays. «C’est un château d’eau dans le bon sens du terme pour le Maroc. Il est traversé par la plus grande rivière du pays, Oum Rbii», approuve le scientifique. Et pas seulement, puisque le parc national est «riche» en zones humides «d’importance nationale», qui n’ont pas encore été inscrites à la convention de Ramsar*. Sidi Imad Cherkaoui cite entre autre l’Aguelmame Azegza qui se trouve à l’est de la ville de Khénifra, et l’Aguelmame Tighelmamine qui est situé à 35 kilomètres de Khénifra au cœur de la cèdraie d'Ajdir Izayane.

L'Aguelmame Tighelmamine. / Ph. Sidi Imad CherkaouiL'Aguelmame Tighelmamine. / Ph. Sidi Imad Cherkaoui

Les Aguelmames (lac en berbère) ont même une importance culturelle pour les habitants de la région. Les locaux s’inspirent de la «beauté de ces zones» pour leur danses, celle d’Ahidous par exemple, et ont des anecdotes et des fables inspirées par les dayas, continue le professeur de l’université Moulay Ismail.

Le parc national de «la ville rouge» a des écosystèmes d’une importance mondiale, telle que la cédraie de l’Atlas ; le cèdre est une espèce symbole de la méditerranée. «La plus grand cédraie se trouve à Khénifra et non à Ifrane», indique Sidi Imad Cherkaoui. Les ressources forestières à perte de vue sur plusieurs hectares s’offrent au regard des visteurs, avec des formations de cèdres, de chênes verts, de chênes zen ainsi que des pins maritimes. 

«Le parc national de Khénifra englobe plusieurs provinces: Midelt, Boulemane, Ifrane et Khénifra.»

Une faune remarquable

La faune du parc national est remarquable «du fait de la disponibilité de nourriture, d'eau et de la proximité des habitats favorables», lit-on sur site du Centre d’échange et d’information sur la biodiversité au Maroc. Selon l’ornithologue, une faune emblématique a «malheureusement» disparu du parc national comme l’hyène rayée, le lion de l’Atlas, ou le léopard. Le singe magot – plus connu sous l’appellation macaque de barbarie - est très présent dans le parc national «comme à Ifrane». Mais aussi, une présence accrue de rapaces comme «l’aigle royal et l’aigle de bonelli qui caractérise la région», ajoute notre interlocuteur.

Le macaque de barbarie, une espèce symbole de la région. /Ph. Sidi Imad CherkaouiLe macaque de barbarie, une espèce symbole de la région. /Ph. Sidi Imad Cherkaoui

«Le mélange entre la cédraie, les Aguelmames et les sources d’Oum Rbii donnent une valeur patrimoniale et naturelle. Ça rejoint la culture des Izenayane (une tribu guerrière connue pour son art de la guerre pendant la guerre du rif, ndlr).»

Par ailleurs, le plateau d’Ajdir, «zone forrestière» de premier degré, est marqué par la bataille de Lahri qui a eu lieu près de la ville de Khénifra, le 13 novembre 1914. «Chaque année il y a une commémoration de cette bataille, d’une guerre qui a marqué l’histoire de la région», ajoute le scientifique.

Un rouge-queue à front blanc. / Ph. Sidi Imad CherkaouiUn rouge-queue à front blanc. / Ph. Sidi Imad Cherkaoui