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France : Des joueurs du PSG soumis à un fichage ethnique ?

Yann Gboho, jeune joueur promis à un brillant avenir, est devenu le visage d’un scandale de discrimination au sein du club parisien.

Photo d'illustration / Ph. Franck Fife – AFP
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Le PSG, adepte du fichage ethnique ? D’après une enquête «entamée sur la foi des documents» issus des Football Leaks, par Mediapart et «Envoyé spécial», tout porte à croire qu'entre 2013 et 2018, des recruteurs du club parisien ont fiché ethniquement de jeunes joueurs dont les profils avaient retenu leur attention.

L’un d’eux s’appelle Yann Gboho, «brillant meneur de jeu de l’équipe de France des moins de 18 ans», souligne Mediapart. Avant même que ces prouesses sur le terrain soient saluées par le grand public, il est surtout devenu le visage d’un scandale de discrimination. Lorsqu’il avait 13 ans, le PSG ne lui a pas proposé de rejoindre le club, «parce qu’il était noir; et seulement parce qu’il était noir».

A l’époque, en 2014, la nouvelle se répand comme un bruit de couloir mais la direction parvient temporairement à étouffer l’affaire. Plus encore, elle va jusqu’à couvrir les responsables de ce fichage, «en dépit de ce que le PSG affirme aujourd’hui». Jusqu’au printemps 2018, les dirigeants du club ont ainsi continué de demander à des recruteurs de renseigner «l’origine» des joueurs détectés selon quatre catégories : «Français», «Maghrébin», «Antillais», «Afrique noire». Pour Yann Gboho par exemple, Serge Fournier, recruteur du PSG pour la région Normandie, sélectionne : «Antillais».

Gare à ceux qui feraient fuiter des informations dans la presse

Interrogé par Mediapart, Serge Fournier ne semble pas mesurer le caractère discriminatoire de ce fichage, de surcroît interdit par la loi. Celle du 6 janvier 1978 stipule en effet qu’il est «interdit de recueillir et d’enregistrer des informations faisant apparaître les origines raciales ou ethniques, ainsi que les appartenances religieuses des personnes».

Revenons donc à Serge Fournier, qui explique avoir toujours rempli cette case, «sans jamais se poser trop de questions». Mediapart de souligner : «Et quand on lui fait remarquer qu’au-delà du principe même du fichage ethnique, l’appellation ''Français'' paraît pour le moins incongrue, il met quelques secondes à percuter : ''Oui, il aurait fallu écrire ''Blanc''. D’autant que tous les joueurs qu’on recommandait étaient français. Le PSG ne voulait pas qu’on recrute des joueurs nés en Afrique, car on n’est jamais sûr de leur date de naissance.»

Et gare à ceux qui feraient fuiter des informations dans la presse. «Nous n’hésiterons pas à sanctionner les salariés à l’origine d’une fuite dans la presse, car il est inacceptable de se servir de la presse et de l’image du club pour arriver à ses fins», lance lors d’une réunion en 2014 le directeur administratif et financier Philippe Boindrieux. Mais c’est finalement sur le club que la pression s’est accentuée à la suite de ces révélations : le PSG a en effet ouvert «une enquête interne», a indiqué à l’agence France-Presse une source proche du club.

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