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Maroc : La province de Taounate toujours menacée par les rejets des huileries

Malgré les mises en garde des autorités locales et des défenseurs de l’environnement, les activités liées à la production d’huile d’olive restent particulièrement polluantes. Une situation inquiétante, aggravée par une certaine impunité.

Photo d'illustration. / DR
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Les activités des producteurs d’huile d’olive de la province de Taounate mettent sérieusement en danger l’écosystème des alentours. En cause, les tourteaux, ces résidus solides issus de l’extraction de l’huile des graines ou des fruits oléagineux, qui se répandent ensuite dans l’environnement, indique le journal Al Akhbar, repris par la revue spécialisée espagnole Olimerca.

Les mises en garde et alertes successives des autorités locales n’ont, semble-t-il, pas eu l’effet escompté. Le journal arabophone indique que l’expansion de ces résidus menace la qualité de l’eau de cinq barrages situés dans la province, ajoutant que les producteurs auraient bénéficié de subventions de l’Etat à hauteur de 780 000 dirhams pour leurs moulins à huile. Au total, 18 de ces producteurs auraient profité de ces subventions malgré le fait qu’ils jettent les résidus de l’extraction dans la nature.

Ce n’est pas la première fois que les rejets générés par l’extraction d’huile d’olive donnent du fil à retordre aux autorités et aux associations de protection de l’environnement. En 2017, plusieurs mesures avaient été prises pour tenter d’endiguer ce fléau régional, notamment la mise en place d’unités communes de traitement de la margine, la mise à niveau de certaines unités et l’organisation de sessions de formation au profit des propriétaires des unités de trituration sur la réglementation environnementale en vigueur, selon la MAP.

L’interdiction de la création d’unités de trituration d’olives près des ruisseaux, des barrages et des zones sensibles avait été également instaurée. De plus, 21 unités de trituration d’olives avaient été interdites d’exercer leurs activités, pour non-respect des normes environnementales en vigueur, d’après Abderrahime El Ouali, responsable de la communication à la province de Taounate cité par la MAP.

De l’eau de puits complètement inutilisable

La commune de Khlalfa, dans la province de Taounate, illustre cette problématique. L’huilerie Al Baraka a été en activité, dans la plus grande illégalité. En effet, la société faisait l’objet d’un ordre de fermeture depuis le 23 décembre 2011, sur décision du ministère de l’Intérieur. Et pour cause, elle ne respectait pas les processus de production imposés par la loi depuis de nombreuses années.

En effet, deux types de résidus résultant de la trituration doivent être soigneusement entreposés et emmagasinés, pour éviter qu’ils soient directement rejetés dans la nature. Il s’agit des grignons et des margines, qui «engendrent des problèmes environnementaux inquiétants, en particuliers pour les margines (pollutions des cours d’eau, nappe phréatique…)». A ciel ouvert et au contact direct des riverains, l’huilerie Al Baraka entreposait ces résidus dans des bassins non-étanches. L’eau des puits a été infectée devenant ainsi inutilisable. Sur des images que Yabiladi avait reçues, on voyait nettement les tonnes de grignons déposés à ciel ouvert près des maisons, et le sol complétement noyé de margines.

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