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Quand les Etats-Unis érigeaient le Maroc en «modèle» pour le monde arabe

Durant les années Georges W. Bush, le Maroc était érigé en «modèle» pour tous les pays arabes. Mais depuis, la situation a  changé.

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L’ancien ambassadeur américain au Maroc et actuel lobbyiste marocain aux Etats-Unis, Edward Gabriel, a publié un article sur une belle phase de l’histoire des relations entre les deux pays. Il a choisi de livrer au public des extraits d’une lettre, datant de septembre 1986, que le ministre de la Défense Casper Weinberger avait adressée au roi Hassan II.

La missive intervenait seulement quelques jours suite à la décision prise par le roi de se retirer, le 29 août, de l’Union arabo-africaine, scellée deux ans auparavant avec Kadhafi. Une "alliance" contre nature qui avait fait grincer des dents à Washington.

«J'ai été extrêmement heureux et ravi d'apprendre l'action de votre majesté… alors que j'étais en vacances avec ma famille… cela a rendu mes vacances encore plus agréables», s’est félicité Weinberger.

«Je considère depuis longtemps l’amitié qui a toujours lié nos deux gouvernements, et en particulier nos deux établissements militaires, à la fois importante et durable. Je crois que nous approchons d'une période historique au Moyen-Orient où les efforts de dirigeants forts comme votre majesté seront essentiels pour la recherche de solutions durables aux problèmes critiques qui se posent à nous dans la région. Je suis convaincu que nos relations… pourront être pleinement restaurées… Je salue encore une fois votre courage et votre sagesse.»

Avec Georges W.Bush, l’embellie

Edward Gabriel termine son article par un passage assez révélateur du coup de froid qui frappe les relations entre le royaume et les Etats-Unis, et ce, depuis 2009. Depuis 1986, souligne-t-il, les liens entre les deux pays se sont renforcés «sous les administrations de Georges Bush, Bill Clinton et Georges W. Bush». L’ancien ambassadeur a évite de mentionner les deux mandats de Barack Obama et les deux années de Donald Trump.

Sur les trois présidents cités par Gabriel, Georges W. Bush était le plus proche du Maroc. Si en 1986, c’est le ministre de la Défense qui a félicité Hassan II pour avoir rompu ses relations avec la Libye de Kadhafi, le Républicain n'hésitait pas à ériger le royaume au rang de «modèle de démocratisation» à suivre pour le reste du monde arabe. Il était habitué à saluer les initiatives prises par le roi Mohammed VI.

En septembre 2003, il assurait au souverain que sur la question du Sahara occidental, Washington n’imposera aucune solution au Maroc. Une année après, il honore son engagement en accédant à la demande de Rabat de mettre un terme aux fonctions de James Baker, en tant qu’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. Le 11 Juin 2004, l’ancien chef de la diplomatie présentait sa démission au grand dam de l’Algérie et du Polisario et de leur lobby outre atlantique. Une fois de plus le «modèle» l’a emporté sur les affinités partisanes et les impératifs financiers. Un retrait annoncé, alors qu’une semaine auparavant, précisément le 4 juin, Bush accordait au Maroc le statut d’allié majeur des Etats-Unis en dehors de l’OTAN. Une consécration.

Cette volonté de louer les efforts du Maroc allait se manifester également en mars 2006 par un autre message de félicitation adressé au souverain sur le travail accompli par l’Instance Equité et Réconciliation.

Avec l’arrivée d’Obama en janvier 2009, les temps ont changé, notamment lors des crises de 2013 et 2016. Mais bien avant les bras de fer diplomatique à l’ONU, le «modèle» n’est plus cité en tant que tel. Ainsi, lors de son discours prononcé, le 4 juin 2009, à l’université américaine au Caire, Barack Obama se contentait de citer «le Maroc [qui] a été le premier pays à reconnaître notre nation». Dix ans après et de la même tribune, Mike Pompeo, a rappelé le 10 janvier les relations de son pays avec certains pays arabes, soulignant qu’avec le Maroc elles «remontent à 1777».