Menu

angle_2

Histoire : L'Ordre de Notre Dame de la Merci ou quand la Vierge Marie ordonna de libérer les captifs chrétiens au Maroc

L’Ordre de Notre-Dame de la Merci, communément appelé l’Ordre des mercédaires, existe encore de nos jours. Si les actions et le caractère militaire de cet ordre ne sont plus, il fut créé autrefois pour libérer les captifs chrétiens en terre musulmane.

Photo d'illustration. / Ph. DR
Estimated read time: 3'

L’origine de l’instauration de l’Ordre de Notre-Dame de la Merci remonte au XIIIe siècle, lorsque Notre-Dame est apparue au saint Pierre Nolasque. C’est au beau milieu de la nuit du 1er août 1218, dans une église de Barcelone, que la Vierge Marie, accompagnée d’anges et de saints, se serait adressée au saint Pierre Nolasque et lui aurait dit :

«Mon fils, je suis la Mère du Fils de Dieu qui, pour le salut et la liberté du genre humain, répandit tout son sang en souffrant la mort cruelle de la Croix ; je viens ici chercher des hommes qui veulent, à l’exemple de mon Fils, donner leur vie pour le salut et la liberté de leurs frères captifs.»

Elle aurait alors fait savoir qu’elle désirait qu’un ordre soit fondé en son honneur pour «racheter les esclaves chrétiens de la puissance de la tyrannie des Turcs, se donnant même en gage, s’il est nécessaire, pour ceux qu’ils ne pourront racheter autrement». Avant de disparaître, la vierge Marie aurait affirmé qu’elle assisterait Pierre Nolasque «dans toute cette affaire».

Approuvé et soutenu par le roi Ier d’Aragon, l’ordre de Notre-Dame de la «merced», qui signifie «grâce» en espagnol et fait allusion à «merces», qui signifie «rançon» en latin, entama ses expéditions quelque temps après. Le premier à s’exécuter sera Pierre Nolasque qui, accompagné d’un autre religieux, parvint à libérer 400 chrétiens réduits en esclaves dans le royaume d’Al Andalous, à Grenade et Valence (711-1492).

Racheter les captifs au Maroc

Se rendant au-delà des territoires ibériques, les rédempteurs, tels que sont appelés les membres de cet ordre, se rendent jusqu’aux contrées les plus lointaines. Le Maroc retenait plusieurs captifs est était tout naturellement l’un des terrains de chasse de l’ordre.

Subordonné aux rois d’Espagne, l’ordre avait un caractère militaire – avant de le perdre au cours du XIVe siècle –, d’où son appellation et le recours aux armes autorisé pour les membres, qui pouvaient ne pas être des religieux. Très vite, des volontaires arrivèrent de France, d’Allemagne et d’Angleterre, avant que d’autres ordres, ayant les mêmes objectifs, voient le jour dans ces pays et bien d’autres.

Photo d'illustration. / Ph.DRPhoto d'illustration. / Ph.DR

L’ordre, à travers ses mercédaires, «mettait tous ses biens à la disposition des captifs et si, après avoir épuisé toutes les ressources, il y avait un chrétien en danger de renier (sa foi), les moines devaient prendre la place de ce captif», explique Bernard Vincent dans «L’action des ordres rédempteurs» (Hypothèses, 2007). Bien après la chute d’Al Andalous, les missions de l’ordre ne feront que croître. En ligne de mire de ce dernier se trouvaient principalement les corsaires de Salé qui avaient, durant leur court règne, kidnappé des milliers d’Européens.

Le cas de Germain Mouette

Bien qu’on évoque la libération de 500 000 captifs libérés au total, l’un d’eux attira toute l’attention. Il s’agit de l’écrivain français Germain Mouette, qui se fera principalement connaître grâce à son autobiographie «Relation de la captivité du Sr. Mouette dans les royaumes de Fez et de Maroc».

Capturé par les corsaires de Salé et devenu esclave, le Français relate dans son ouvrage ses onze années de captivité lors desquelles il sera mandaté par le sultan Moulay Ismail pour la construction de vastes projets dans le royaume. Après plus d’une décennie au Maroc où il apprendra l’arabe et l’espagnol, Germain Mouette sera finalement racheté par l’ordre de Notre-Dame de la Merci.

Cet ordre ne fut pas le seul, ni le premier. En France, bien avant l’apparition de la Vierge Marie, l’Ordre des Trinitaires avait également vu le jour en 1194. Il fut approuvé par le Pape Innocent III et «organisa en 1199 sa première rédemption au Maroc», note Bernard Vincent.

Trinitaires comme mercédaires, qui s’étaient d’ailleurs chargés de l’évangélisation du Nouveau Monde à la solde de Christophe Colomb, furent des éléments clés pour les pouvoirs établis, relève de son côté l’essayiste Leïla Ould Cadi Montebourg dans «Alger, une cité turque au temps de l’esclavage». En effet, ils furent «les instruments du pouvoir papal et royal dans leur lutte contre l’islam», note-t-elle.

De nos jours, l’ordre de Notre-Dame de la Merci existe toujours et compte pas moins de 700 religieux à travers le monde. Tout comme l’Ordre des trinitaires, ces moines viennent en aide en «éduquant» et en «soignant», grâce aux multiples centres de soins à travers le monde, mais aussi en «accompagnant» les orphelins ou prisonniers, et en pratiquant l’évangile.

Be the first one to comment on our articles...