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Israël : Les Etats ne se bousculent pas pour ouvrir des ambassades à Jérusalem

Un an après le transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, seul le Guatemala a emboîté le pas à l’administration Trump. Si le Paraguay est revenu sur sa décision après l’arrivée au pouvoir d’un nouveau président, le Brésil s’est contenté de l’ouverture dans la ville sainte d’un «bureau» alors que les autres candidats jouent la prudence.

 

Selfie souvenir, lors de l'inauguration, l'année dernière, de la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. / Ph. DR
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Le 14 mai 2018, l’ambassade américaine à Jérusalem est inaugurée en grande pompe. Une cérémonie à laquelle ont assisté Ivanka Trump et son époux Jared Kushner, le conseiller politique de son père, et John Sullivan, le n°2 de la diplomatie, ainsi que 12 membres du Congrès américain.

Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu était aux anges. Outre la présence de ses invités de marque de Washington, il a pu compter sur la présence des diplomates de 32 pays ayant des relations avec Israël. Le quotidien Harretz avait d’ailleurs donné, le 16 mai 2018, la liste exhaustive des invités. Seuls les ambassadeurs de l’Egypte, la Jordanie, la Russie et de la majorité des membres de l’Union européenne, manquaient à l’appel.

Deux jours après les festivités, la république du Guatemala du président Jimmy Morales ouvre à son tour sa représentation diplomatique dans la ville sainte. Une installation qui avait apporté du crédit aux déclarations à la presse de la vice-ministre des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely. Le 26 décembre 2017, elle révélait que son gouvernement est «en contact avec au moins dix pays dont certains en Europe» en vue du transfert de leurs ambassades de Tel-Aviv à Jérusalem.

L’euphorie a cédé place au doute

Depuis l’euphorie des premières semaines ayant suivi les deux inaugurations, les autres Etats ne se bousculent pas au portillon. Pire, le Paraguay revient même sur sa décision en août 2018, juste après l’arrivée au pouvoir du président Mario Abdo Benitez. Furieux, Netanyahu a riposté par la fermeture de son ambassade à Asuncion. Un même scénario qui a des chances de se reproduire avec le Guatemala à l’issue des élections présidentielles du 16 juin prochain.

La Roumanie, le Soudan du sud et les Philippines hésitent encore à franchir le pas. Au Brésil, le président Jair Bolsonaro, grand admirateur d’Israël, est lui aussi revenu sur sa promesse de transférer son ambassade à Jérusalem. Il pense plutôt à y installer un «bureau commercial», rapporte l’agence Reuters le 13 mars derniers. Une ouverture actée, d’ailleurs, le 31 mars lors d’une visite à Israël.

Un rétropédalage que le vice-président Hamilton Mourao a expliqué à l’agence britannique Reuters par les craintes de son gouvernement des conséquences d’un tel transfert sur les exportations brésiliennes vers les pays arabes, dont quelque 5 milliards de dollars de viande halal.

Force est de constater qu’Israël a contribué largement à ce que cet enthousiasme s’estompe. Le 14 mai 2018, en plein accolades et sourires lors de l’inauguration de l’ambassade américain dans la ville sainte, sur la frontière avec Gaza, son armée tuait 62 Palestiniens dont sept enfants, ayant pris part aux marches du retour (Al Awda). Un bain de sang qui avait éclipsé médiatiquement la cérémonie de la délocalisation.

L’Union européenne a également joué un rôle, freinant une tendance partagée par ses membres de l’Europe de l’Est, notamment la Roumanie et la république de Tchéquie.

Quant aux pays arabes, chacun joue sa propre partition. Certes, la Ligue arabe a condamné les transferts mais sans aller jusqu’à agiter la menace de sanctions. De temps en temps, des messages sont adressés à certains pays tentés par la délocalisation de leurs ambassades. C’est le cas du report, fin mars, par le Maroc à une date ultérieure d’une visite d'une délégation du Sénat roumain. Le roi de Jordanie a également annulé un déplacement dans ce pays. Deux mesures pour dénoncer la volonté de la Première ministre roumaine d’emboîter le pas aux Etats-Unis et au Guatemala.