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L’art du Caftan : Rkia Aït Blal

Rkia Aït Blal, créatrice de mode, a réussi à sublimer sa double culture (franco-marocaine) dans le caftan, joyau de la couture traditionnelle marocaine. Née à Ouarzazate, elle rejoint la France à l’âge de 6 ans. Très jeune, elle cultive ses talents de dessin et sa passion pour la couture. Après des études supérieures en Economie et Droit (pour faire plaisir aux parents), elle reviendra très vite à ses premiers amours. En 1998, elle suivra une formation en arts plastiques à Paris, pour ensuite se spécialiser grâce à une formation de stylisme et modélisme au Maroc en 2001.

Ce riche parcours lui a permis d’ouvrir son atelier au Maroc dès 2003 afin de lancer sa première collection de caftans marocains. Elle inaugure également son showroom à Paris, la capitale du luxe et de la mode.

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Quelle a été l’étincelle qui a fait naitre en vous le goût pour la mode, pour la création et plus parti- culièrement pour le caftan ?

Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant que je voulais être créatrice de mode; le goût pour la mode est venu progressivement. Je dirais plutôt que je suis née artiste dans l’âme, car depuis toute petite je suis fascinée par le dessin, la peinture et je suis très manuelle. A l’âge de 7 ans déjà, pour que mes dessins soient parfaits je passais des journées à calquer les dessins de mon livre préféré «Martine en Bateau». Je voulais dessiner comme sur les livres. De là j’ai appris à dessiner et c’est ce qui m’a amenée vers la mode.

En grandissant, mon goût pour la couture et la mode s’est confirmé et à l’âge de 15 ans je savais déjà ce que je voulais faire. Donc tout mes loisirs étaient ré- servés au dessin et à la recherche sur les costumes. Et Lorsque je me suis lancée dans la création j’ai choisi le caftan car c’était pour moi une manière de retourner à la source, à mes origines.

D’où tirez-vous vos inspirations ? Est-ce que c’est votre double culture (France-Maroc) qui vous permet de repenser le caftan, et d’emprunter de nouveaux sentiers créatifs ?

Vous avez vu juste, car c’est en effet dans ma double culture franco-marocaine que je puise toute mon inspiration. Ayant grandi en France, j ai baigné dans les contes de petites filles, l’Histoire de France et surtout les films qui la retrace à ses différentes époques. D’où mes différents thèmes sur l’époque romantique, médiévale...

J’ai appliqué ce goût pour les costumes occidentaux d’époque au Caftan de mon pays d’origine qu’est le Maroc. Le résultat vous le voyez chaque année à travers mes créations. Chaque année une nouvelle époque et chaque année je m’éclate davantage.

Quel avenir pour le caftan marocain selon vous ?

Ces dernières années le caftan s’est beaucoup moder- nisé, au point de tendre vers la robe de soirée. Mais on retrouve toujours ce qui fait du caftan une tenue des plus nobles, à savoir la passementerie et/ou les broderies faites main. Je pense que la caftan est en phase de démocratisation et va devenir une tenue de cérémonie comme une autre. Il ne sera plus vu juste comme un costume traditionnel marocain. De plus, avec l’émergence des jeunes créateurs au Maroc et ailleurs, le caftan n’a pas fini de faire rêver au-delà des frontières du Maroc.

Caftan, mode d’emploi

Pour un caftan haute couture il faut compter en 1 et 6 mois de travail entre le dessin du modèle et la production finale. De nombreuses étapes sont nécessaires et plusieurs personnes interviennent dans le processus de fabrication : créateur, l’assistante styliste, le modéliste, le coupeur, la technicienne, le maâlam, la boutonnière, le passementier, le brodeur, la repasseuse et les petites mains pour les finitions.

 Le caftan en 10 étapes

 1- Croquis réalisé par le styliste ou l’assistant-styliste.

 2- Choix  de la gamme  de  couleur, des matières et des fournitures. Com- mande de la passementerie assortie au tissu.

 3- Patron réalisé par le modéliste.

 4- Réalisation du modèle sur une toile par une technicienne.

 5- Retour chez le styliste pour les modifications.

 6- Validation du patron pour passer à la coupe du tissu.

 7-  Le caftan prend alors forme chez le maâlam.

 8-   Montage à la main à l’aide de la sfifa (galon de passementerie).

 9- Réalisation en parallèle de la ceinture.

 10- Une fois que le caftan est monté, on passe à l’étape la plus délicate où on fignole avec des petits détails qui feront l’unicité de ce modèle.

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