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Covid-19 : surmortalité le seul critère de la mortalité réelle
26 août 2020 17:01

Chaque soir, les autorités publient le nombre de décès du coronavirus. Ces chiffres ne tiennent pas toujours compte des décès (souvent à leurs domiciles) de malades sans une cause identifiée ni d'une éventuelle surmortalité liée à un accès plus difficile aux soins dans les hôpitaux. D’où l’utilité de connaître la mortalité complète.

La surmortalité élément clé de la fiabilité des bilans
La surmortalité (l’excès de décès lors de la crise épidémique par rapport à une situation normale) permet d’avoir une vision complète. Cela passe par une comparaison des décès dans la période de crise par rapport à un nombre de décès moyen fondé sur la mortalité des cinq années précédentes. L’écart par rapport à cette moyenne, la surmortalité, assure d’englober tout à la fois les décès comptabilisés officiellement comme relevant du Covid19, la mortalité directe de personnes mortes du virus sans qu’on l’ait déterminé et la mortalité indirecte due aux conséquences de l’épidémie (la restriction de l’accès au soin) La réunion de ces 3 composantes donne le bilan final de l’épidémie. Il ne correspond pas uniquement à des hausses de décès, car la période se traduit aussi par une baisse de la mortalité en raison de la réduction des déplacements et des activités (accidents de la route, accidents professionnels...).

La limitation de l’accès au soin
Selon une note fin juillet du Haut Commissariat au Plan Marocain HCP, la crainte de contamination et le manque de disponibilité des moyens ont constitué les principaux motifs de cette restriction des soins. Parmi les 11,1% de personnes souffrant de maladies chroniques ayant nécessité un examen médical lors du confinement, 45,2% n’ont pas eu accès à ces services et parmi les 10,1% de personnes souffrant de maladies passagères et ayant nécessité une consultation, 37% n’ont pas pu en bénéficier. Il en a donc découlé des décès à considérer comme conséquence indirecte de l’épidémie.

Des décès aux causes parfois difficiles à déterminer
Le premier écueil du calcul de la surmortalité liée au coronavirus est celui de l’attribution d’une cause déterminée à un décès d’une personne, âgée notamment et surtout passée 80 ans quand elle souffre de polypathologies. .
« Le lien peut être ténu, par exemple dans le cas d’un suicide lié au confinement, ou très fort, si l’infection perturbe l’équilibre causé par des maladies préexistantes et provoque par exemple un décès par Parkinson ou insuffisance cardiaque. On peut mourir du Covid-19 ou avec le Covid-19» comme le précise dans une interview Antoine Flahault, de l’Université de Genève et un des meilleurs spécialistes en ce domaine. Dans l’incertitude d’une situation, le décès pourtant est normalement affecté au décompte des victimes de l’épidémie.

Le calcul de la surmortalité : une opération délicate ou difficile
La difficulté de ce calcul réside dans le bon enregistrement et dans des délais raisonnables des décès, incluant bien donc toutes les précisions nécessaires à la connaissance des causes de la mort. Il est en général plus facile à effectuer dans les pays développés et une première estimation de la surmortalité en Europe - une hausse de 50% entre fin mars et début avril - a été publiée fin juillet.
De nombreux pays moins développés, comme le Maroc n’ont malheureusement pas les moyens pour mesurer rapidement la surmortalité. Et de nombreux pays à faible revenu, comme en Afrique, ne tiennent pas de registre de décès, ou en tiennent un mais sans en préciser les causes. C’est en effet un processus difficile car les causes de mortalité doivent être codées selon une classification internationale.
Une exception en Afrique, tout de même, l’Afrique du Sud où des chercheurs du Conseil sud-africain de la recherche médicale, un organisme indépendant, ont estimé qu’environ 17 000 décès supplémentaires causés par le coronavirus n’ont pas été enregistrés, entre mai et fin juillet, dans les statistiques officielles qui s’établissaient alors à 8 800 morts !
Une meilleure connaissance de la surmortalité au Maroc serait pourtant utile pour le suivi de l’épidémie, le respect des standards internationaux recommandés par l’OMS et, ne serait ce qu’en mémoire de toutes les victimes ! L’écart entre surmortalité et bilan surtout hospitalier sera certainement beaucoup plus réduit qu’en Europe (une hausse de la surmortalité constatée de 50% entre fin mars et début avril), du fait d’une proportion de personnes âgées (les victimes principales) beaucoup moins élevée dans nos pays encore jeunes.

POUR EN SAVOIR PLUS [lematin.ma]
PHOTO : Khadija Moussayer



Modifié 3 fois. Dernière modification le 26/08/20 17:06 par MOUSSAYER.
26 août 2020 20:23
Merci pour ces informations précieuses.
29 août 2020 12:25
C'est moi qui vous remercie de votre appréciation
 
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