Le Kintsugi est l'art de réparer les objets cassés en les sublimant, pour admirer ensuite leur imperfection qui en réalité, révèle une force extraordinaire. Cet art est inspiré d'une philosophie japonaise, le wabi-sabi, qui explore la beauté à travers l'imperfection et la simplicité.
Cet art s'exerce sur de la vaisselle en porcelaine ou en terre cuite. La reconstitution des objets cassés se fait avec des métaux précieux tels que l'or ou l'argent. Les réparations demandent du temps et de la patience, à rebours donc, du temps qui presse et qui impose la disponibilité immédiate de biens que nous voulons fonctionnels sans délai aucun.
Ces réparations impliquent de rassembler soigneusement tous les morceaux , de les débarrasser des poussières, et de commencer à les coller un à un. On comprend que le temps doit aussi faire son oeuvre, pour permettre à l'objet de se consolider et accepter toujours plus de pièces qui viendront le parachever.
Le travail terminé permet de visualiser et d'admirer la métaphore de la résilience. Chaque cassure étant unique, chaque résultat après réparation pourra être apprécié à sa juste valeur. Les réparations confèrent à l'objet plus de résistance, ce qui lui donnera une valeur aussi immatérielle qu'inestimable.
A l'ère du jetable, l'homme moderne cède de plus en plus à la pression des marchands qui incitent à renouveler sans cesse les objets abimés ou tout simplement anciens. L'aspect matériel prime sur la valeur sentimentale liée aux objets auxquels nous sommes liés par une histoire parfois ancienne.
L'injonction du remplacement n'a jamais été aussi forte, au point où ce modèle de consommation est appliqué aujourd'hui dans les relations hommes/femmes. La famille symbolise l'objet précieux que l'on ne souhaite plus recoller une fois brisé. Il y a un marché grandissant dans la monétisation du couple éphémère, le mariage avec la dimension durable qu'il instaure est de plus en plus raillé au profit d'une vision prétendument moderne qui veut dissocier le sentimental du charnel, pour exploiter ce dernier aspect comme une valeur marchande infiniment remplaçable.
Allah éprouve ses serviteurs de diverses manières, non pas pour les accabler, mais au contraire, pour leur permettre de s'élever et de parfaire leur caractère. Pourtant, nous sommes nombreux à fuire celles et ceux qui sont éprouvés comme si leurs difficultés étaient contagieuses. Si nous prenions le temps d'écouter, de regarder et de ressentir les stigmates des épreuves chez les autres, nous pourrions alors y voir cette beauté, cette patience, cette force et cet amour qui pourraient profondément nous inspirer.
Ne voyez pas celles et ceux qui boitent sous l'effet de leurs épreuves passées comme des personnes diminuées. Elles sont au contraire les plus fortes, plus elles boiteront et plus vous réaliserez la force qu'elles ont dû déployer pour se reconstruire, relever leur tête et poursuivre leur destinée. Ce sont les patients qui s'en sont remis à Allah avec dévotion, qui ont dans leur intimité avec le Très Haut brûlé leurs joues par les larmes du repentir et de l'humilité, qui ont imploré son aide à l'heure où personne sur cette terre ne pouvait les assister.
Apprenez à reconnaitre ces personnes et appréciez leur compagnie. Lisez sur leur visage leur tragique histoire, contemplez cette force qui serait bien utile à vos côtés lorsque vous tomberez et que vous devrez à votre tour vous reconstruire, car nul n'échappe à ses épreuves, ce n'est qu'une question de temps.
Je te remercie pour ces mots. Ton regard bienveillant sur ces situations et ces personnes qui souvent sont l'objet de jugements et d'injustice... .... Cette métaphore du vase brisé.... Je m'en souviens.
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