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la poésie arabe
r
15 décembre 2004 22:46
.... Nabati

Soyez justes


Par le truchement de jeunes Palestiniens


L’obscurité et l’agresseur nous enveloppent
Dans le camp, les visages de la mort sont sans pitié


La mort dans notre pays, ô mon frère, est chose ordinaire
Comme le miel que certains trouvent parfois amer


Plus lourd que la mort, c’est de mettre mon pays en gage
De vendre Al Aqsa et Al Quds, et de capituler


Et plus dur que la mort, c’est de laisser mes enfants
Dans la honte et le déclin que l’histoire va raconter


Oui, je résiste dépourvu d’armes pour me couvrir de gloires
L’honneur n’est pas connu de celui qui est intéressé par le dirham


Ne connaît la gloire que le courageux appelant
Au martyre qui porte la ceinture de la foi


Celui qui sommeille songeant au triomphe
Assure-toi qu’il dort et qu’il rêve


La victoire exige des sacrifices inondant une vallée
Si le sang est versé – aucune consécration sans perte de sang


Celui qui veut se dévouer à sa patrie doit renoncer à l’argent et à son âme
Celui qui ne se sacrifie pas pour son pays le regrettera


O mon peuple courageux, mes parents, mon pays
Soyez justes, car la justice est toujours invincible


r
15 décembre 2004 22:49
...Nabati

La mère (i)


Tant que les nuits tombent
Ton amour reste présent dans les cœurs

Tu es la plus belle des pleines lunes
Pour toi, toute l'adoration et la sensation

O notre mère bien aimée
Tu es estimable et tu es proche

Ton nom résonne dans mon corps
Que tu sois à mes côtés ou distante

Tu es la source de la tendresse
Demeure de douceur et de protection

Si le temps m'opprime
Ton ardeur ne m'accable pas

Je suis toujours ouvert à ton spectre
Qui vit en moi comme mon ombre

Celui qui le contemple en exige davantage
Quand il décide de te rendre visite

Je sens ta présence dans ma passion
Alerte ou passif

Mon sentiment pour toi est prodigieux
Et éternel, sans la tiédeur des sentiments
r
16 décembre 2004 21:05
I

Quand sauras-tu
Mon cher monsieur
Que je ne serai pas
-Comme d'autres-
Une de tes petites amies,
Une conquête féminine
Ajoutée au nombre de tes conquêtes,
Un chiffre inscrit
Sur les registres de tes comptes ?
Quand le sauras-tu ?

II

Quand sauras-tu
-Chameau en errance du désert,
Toi dont la variole a rongé
Le visage et le poignet-
Que je ne serai point
Une cendre dans ta cigarette ?
Ni énième tête entre mille têtes
Sur ton oreiller,
Non plus une statuette
Dont tu auras augmenté le prix
Dans la folie de tes enchères,
Ou un sein sur le poli duquel
Tu auras imprimé le moule de tes empreintes ?
Quand le sauras-tu ?

III

Quand sauras-tu
Que tu ne me drogueras pas
Par ton pouvoir, ni ton renom,
Et que tu ne posséderas pas le monde
Avec ton naphte, tes royalties,
Avec ton pétrole
Dont les relents s'exhalent de tes nippes,
Et avec les voitures que tu déposes
Aux pieds de tes nombreuses maîtresses ?
Où sont donc passées
De tes chamelles les bosses ?
Où a donc disparu
De tes mains le tatouage ?
Que sont devenues
De tes tentes les béances ?
Toi, aux talons gercés,
Toi l'esclave de tes passions,
Toi dont les épouses font partie
De tes hobbies,
Femmes que tu alignes par dizaines
Sur le lit de tes jouissances,
Insectes que tu momifies
Sur les murs de tes salons ?
Quand le sauras-tu ?

IV

Toi, frappé d'indigestion,
Quand sauras-tu
Que je ne suis pas de celles
Qu'impressionne ton paradis
Ou qu'effraie ton enfer ?
Quand sauras-tu
Que ma dignité est plus précieuse
Que l'or entassé dans tes proches,
Et que le climat où mes pensées baignent
Est bien loin de tes climats,
Toi où a couvé le féodal
Dans la vermine de tes helminthes,
Toi dont le désert rougit de honte
Lorsqu'il entend ton appel ?
Quand le sauras-tu ?

V

Patauge donc
Prince de Bitume
Tel une éponge
Dans la fange de tes plaisirs
Et dans tes errements,
Ton pétrole ?
Tu peux le déverser
Aux pieds de tes maîtresses !
Les boîtes de nuit de Paris
Ont tué en toi toute fierté,
Là-bas, aux pieds d'une prostituée
Tu as enterré ton amour propre,
Alors, tu as bradé al Qods,
Tu as bradé Dieu,
Tu as bradé de tes morts les cendres,
Comme si les lances d'Israël
N'ont jamais tué tes sœurs,
N'ont jamais détruit nos demeures,
Et n'ont jamais brûlé,
Nos Saintes Ecritures,
Comme si les bannières d'Israël
Ne se sont jamais plantées
Sur les lambeaux
De tes drapeaux,
Comme si tous ceux
Qui furent crucifiés
Aux arbres de Jaffa
Aux arbres de Jéricho
Et de Bir Sbaa
N'étaient pas de ta race.
Al Qods baigne dans son sang
Pendant que te dévorent
Tes propres passions
Comme si le drame
Ne te concernait point !
Quand donc l'Etre Humain
Se réveillera-t-il dans ta carcasse ?

DE NIZAR KABBANI
r
16 décembre 2004 21:09
JE SUIS POUR LE TERRORISME

De terrorisme on nous accuse
Si nous osons prendre défense
De notre femme et de la rose
Et de l'azur et du poème
Si nous osons prendre défense
D'une patrie sans eau sans air
D'une patrie qui a perdu
Sa tente et sa chamelle
Et même son café noir.
De terrorisme on nous accuse
Si nous osons prendre défense
De la crinière
De la reine de Saba
Des lèvres de Maysoun
Des noms de nos plus belles filles,
Du khol qui de leurs cils
En pluie retombe
Comme une chose révélée.
Certes vous ne trouverez pas
En ma possession
De poésie secrète
Ni de parler énigmatique
Ou des ouvrages clandestins,
Et par devers moi je ne garde
Aucun poème traversant
La rue, caché derrière son voile.
De terrorisme on nous accuse
Quand nous décrivons les dépouilles
D'une patrie
Décomposée et dénudée
Et dont les restes en lambeaux
Sont dispersés aux quatre vents…,
D'une patrie
Cherchant son adresse et son nom…
D'une patrie ne conservant
De ses antiques épopées
Que les élégies de Khansa…,
D'une patrie
Où ni le rouge, ni le jaune, ni le vert
Ne teignent plus les horizons…,
D'une patrie qui nous défend
D'écouter les informations
Ou d'acheter quelque journal…,
D'une patrie où les oiseaux
Sont censurés dans leurs chansons,
D'une patrie où, terrifiés,
Les écrivains ont pris le pli
D'écrire la page du néant…,
D'une patrie
Qui ressemblerait dans sa forme
A la poésie
Dans notre pays
Sorte de langage égaré
Improvisé
Sans aucun lien avec les êtres
Sans aucun lien avec leur terre
Ni avec les problèmes
Dans lesquels ils se débattent vainement,
D'une patrie allant pieds nus
Et sans aucune dignité
Vers la paix négociée…
D'une patrie
Où les hommes pris de panique
Ont fait pipi dans leurs culottes
Et où ne restent que les femmes.
Le sel amer est dans nos yeux
Et sur nos lèvres,
Il est dans nos propres propos.
Notre âme a-t-elle été touchée
De stérilité héritée
Léguée par la tribu Kahtane.
Dans notre nation,
Il n'y a plus de Mu'awya
Plus de Abu Sufiane
Plus personne pour crier "Gare" !
A la face de ceux qui ont abandonné
A autrui notre foyer
Et notre huile et notre pain
Transformant notre maison
Si heureuse en capharnaum.
Il ne reste plus rien de notre poésie
Qui n'ait sur le lit sur tyran
Perdu sa virginité.
Du mépris nous avons pris
Le pli de l'habitude.
Que reste-t-il donc de l'homme
Lorsqu'il s'habitue au mépris ?
Je recherche dans les feuilles de l'Histoire
Usaman Ibn Munkid
Okba Ibn Nafi',
Je recherche Omar,
Je recherche Hamza,
Et Khalid chevauchant
Vers la Grande Syrie,
Je recherche al Mu'tacim
Sauvant les femmes
De la barbarie des envahisseurs
Et des furies des flammes,
Je recherche dans ce siècle attardé
Et ne trouve dans la nuit
Que des chats apeurés
Craignant pour leur personne
Le pouvoir des souris.
Avons-nous été atteints
De nationale cécité ?
Ou bien tout simplement
Souffrons-nous de daltonisme ?
De terrorisme on nous accuse
Quand nous refusons notre mort
Sous les râteaux israéliens
Qui ratissent notre terre
Qui ratissent notre Histoire
Qui ratissent notre Evangile
Qui ratissent notre Coran
Et le sol de nos prophètes.
Si c'est là notre crime
Que vive le terrorisme !
De terrorisme on nous accuse
Si nous refusons que les Juifs
Que les Mongols et les Barbares
Nous effacent de leur main.
Oui, nous lançons des pierres
Sur la maison de verre
Du Conseil de Sécurité
Soumis à l'empereur suprême.
De terrorisme on nous accuse
Lorsque nous refusons
De négocier avec les loups
Et de tendre nos deux bras
A la prostitution.
L'Amérique
Ennemie de la culture humaine
Elle-même sans culture,
Ennemie de l'urbaine civilisation
Dont elle-même est dépourvue,
L'Amérique
Bâtisse géante
Mais sans murs.
De terrorisme on nous accuse
Si nous refusons un siècle
Où ce pays de lui-même satisfait
S'est érigé
En traducteur assermenté
De la langue des Hébreux.

DE NIZAR KABBANI
r
16 décembre 2004 21:19
voici l'intégralité du poème de nizar kabbani sur belkis winking smiley



Merci à vous,
Merci à vous,
Assassinée, ma bien aimée !
Vous pourrez dès lors
Sur la tombe de la martyre
Porter votre funèbre toast.
Assassinée ma poésie !
Est-il un peuple au monde,
-Excepté nous-
Qui assassine le poème ?
O ma verdoyante Ninive !
O ma blonde bohémienne !
O vagues du Tigre printanier !
O toi qui portes aux chevilles
Les plus beaux des anneaux !


Ils t'ont tuée, Balkis !
Quel peuple arabe
Celui-là qui assassine
Le chant des rossignols !

Balkis, la plus belle des reines
Dans l'histoire de Babel !
Balkis, le plus haut des palmiers
Sur le sol d'Irak !

Quand elle marchait
Elle était entourée de paons,
Suivie de faons.

Balkis, ô ma douleur !
O douleur du poème à peine frôlé du doigt !
Est-il possible qu'après ta chevelure
Les épis s'élèveront encore vers le ciel ?

Où est donc passé Al Samaw'al ?
Où est donc parti Al Muhalhil ?
Les anciens preux, où sont-ils ?

Il n'y a plus que des tribus tuant des tribus,
Des renards tuant des renards,
Et des araignées tuant d'autres araignées.
Je te jure par tes yeux
Où viennent se réfugier des millions d'étoiles
Que, sur les Arabes, ma lune,
Je raconterai d'incroyables choses
L'héroïsme n'est-il qu'un leurre arabe ?
Ou bien, comme nous, l'Histoire est-elle mensongère ?
Balkis, ne t'éloigne pas de moi
Car, après toi, le soleil
Ne brille plus sur les rivages.

Au cours de l'instruction je dirai :
Le voleur s'est déguisé en combattant,
Au cours de l'instruction je dirai :
Le guide bien doué n'est qu'un vilain courtier.

Je dirai que cette histoire de rayonnement (arabe)
N'est une plaisanterie, la plus mesquine,
Voilà donc toute l'Histoire, ô Balkis !

Comment saura-t-on distinguer
Entre les parterres fleuris
Et les monceaux d'immondices ?

Blakis, toi la martyre, toi le poème,
Toi la toute-pure, toit la toute-sainte.
Le peuple de Saba, Balkis, cherche sa reine des yeux,
Rends donc au peuple son salut !

Toi la plus noble des reines,
Femme qui symbolise toutes les gloires des époques sumériennes !
Balkis, toi mon oiseau le plus doux,
Toi mon icône la plus précieuse,
Toi larme répandue sur la joue de la Madeleine !

Ai-je été injuste à ton égard
En t'éloignant des rives d'Al A'damya ?
Beyrouth tue chaque jour l'un de nous,
Beyrouth chaque jour court après sa victime.


La mort rôde autour de la tasse de notre café,
La mort rôde dans la clé de notre appartement,
Elle rôde autour des fleurs de notre balcon,
Sur le papier de notre journal,
Et sur les lettres de l'alphabet.

Balkis ! sommes-nous une fois encore
Retournés à l'époque de la jahilia ?
Voilà que nous entrons dans l'ère de la sauvagerie,
De la décadence, de la laideur,
Voilà que nous entrons une nouvelle fois
Dans l'ère de la barbarie,
Ere où l'écriture est un passage
Entre deux éclats d'obus,
Ere où l'assassinat d'un frelon dans un champ
Est devenu la grande affaire.

Connaissez-vous ma bien aimée Balkis ?
Elle est le plus beau texte des œuvres de l'Amour,
Elle fut un doux mélange
De velours et de beau marbre.

Dans ses yeux on voyait la violette
S'assoupir sans dormir.
Balkis, parfum dans mon souvenir !
O tombe voyageant dans les nues !

Ils t'ont tuée à Beyrouth
Comme n'importe quelle autre biche,
Après avoir tué le verbe.

Balkis, ce n'est pas une élégie que je compose,
Mais je fais mes adieux aux Arabes,

Balkis, tu nous manques… tu nous manques…
Tu nous manques…

La maisonnée recherche sa princesse
Au doux parfum qu'elle traîne derrière elle.
Nous écoutons les nouvelles,
Nouvelles vagues, sans commentaires.

Balkis, nous sommes écorchés jusqu'à l'os.
Les enfants ne savent pas ce qui se passe,
Et moi, je ne sais pas quoi dire…

Frapperas-tu à la porte dans un instant ?
Te libéreras-tu de ton manteau d'hiver ?
Viendras-tu si souriante et si fraîche
Et aussi étincelante
Que les fleurs des champs ?

Balkis, tes épis verts
Continuent à pleurer sur les murs,
Et ton visage continue à se promener
Entre les miroirs et les tentures.

Même la cigarette que tu viens d'allumer
Ne fut pas éteinte,
Et sa fumée persistante continue à refuser
De s'en aller.
Balkis, nous sommes poignardés
Poignardés jusqu'à los
Et nos yeux sont hantés par l'épouvante.

Balkis, comment vas-tu pu prendre mes jours et mes rêves ?
Et as-tu supprimé les saisons et les jardins ?

Mon épouse, ma bien aimée,
Mon poème et la lumière de mes yeux,
Tu étais mon bel oiseau,
Comment donc as-tu pu t'enfuir ?
Balkis, c'est l'heure du thé irakien parfumé
Comme un bon vieux vin,
Qui donc distribuera les tasses, ô girafe ?
Qui a transporté à notre maison
L'Euphrate, les roses du Tigre et de Ruçafa ?

Balkis, la tristesse me transperce.
Beyrouth qui t'a tuée ignore son forfait,
Beyrouth qui t'a aimée
Ignore qu'elle a tué sa bien aimée
Et qu'elle a éteint la lune.
Balkis ! Balkis ! Balkis !
Tous les nuages te pleurent,
Quidonc pleurera sur moi ?

Balkis, comment vas-tu pu disparaître en silence
Sans avoir posé tes mains sur mes mains ?

Balkis, comment as-tu pu nous abandonner
Ballottés comme feuilles mortes par le vent ballottées,
Comment nous as-tu abandonnés nous trois
Perdus comme une plume dans la pluie ?

As-tu pensé à moi
Moi qui ai tant besoin de ton amour,
Comme Zeinab, comme Omar ?
Balkis, ô trésor de légende !
O lance irakienne !
O forêt de bambous !
Toi dont la taille a défié les étoiles,
D'où as-tu apporté toute cette fraîcheur juvénile ?

Balkis, toi l'amie, toi la compagne,
Toi la délicate comme une fleur de camomille.

Beyrouth nous étouffe, la mer nous étouffe,
Le lieu nous étouffe.
Balkis, ce n'est pas toi qu'on fait deux fois,
Il n'y aura pas de deuxième Balkis.
Balkis ! les détails de nos liens m'écorchent vif,
Les minutes et les secondes me flagellent de leurs coups,
Chaque petite épingle a son histoire,
Chacun de tes colliers en a plus d'une,
Même tes accroche-cœur d'or
Comme à l'accoutumée m'envahissent de tendresse.

La belle voix irakienne s'installe sur les tentures,
Sur les fauteuils et les riches vaisselles.
Tu jaillis des miroirs
Tu jaillis de tes bagues,
Tu jallis du poème,
Des cierges, des tasses
Et du vin de rubis.

Balkis, si tu pouvais seulement
Imaginer la douleur de nos lieux !
A chaque coin, tu volettes comme un oiseau,
Et parfumes le lieu comme une forêt de sureau.

Là, tu fumais ta cigarette,
Ici, tu lisais,
Là-bas tu te peignais telle un palmier,
Et, comme une épée yéménite effilée,
A tes hôtes tu apparaissais.

Balkis, où est donc le flacon de Guerlain ?
Où est le briquet bleu ?
Où est la cigarette Kent ?
Qui ne quittait pas tes lèvres ?
Où est le hachémite chantant
Son nostalgique chant ?

Les peignes se souviennent de leur passé
Et leurs larmes se figent ;
Les peignes souffrent-ils aussi de leur chagrin d'amour ?

Balkis, il m'est dur d'émigrer de mon sang
Alors que je suis assiégé entre les flammes du feu
Et les flammes des cendres.

Balkis, princesse !
Voilà que tu brûles dans la guerre des tribus.
Qu'écrirais-je sur le voyage de ma reine,
Car le verbe est devenu mon vrai drame ?
Voilà que nous recherchons dans les entassements des victimes
Une étoile tombée du ciel,
Un corps brisé en morceaux comme un miroir brisé.
Nous voilà nous demander, ô ma bien aiméme,
Si cette tombe est la tienne
Ou bien celle en vérité de l'arabisme ?

Balkis, ô sainte qui as étendu tes tresses sur moi !
O girafe de fière allure !

Balkis, notre justice arabe
Veut que nos propres assassins
Soient des Arabes,
Que notre chair soit mangée par des Arabes,
Que notre ventre soit éventré par des Arabes,
Comment donc échapper à ce destin ?
Le poignard arabe ne fait pas de différence
Entre les gorges des hommes
Et les gorges des femmes.

Balkis, s'ils t'ont fait sauter en éclats,
Sache que chez nous
Toutes les funérailles commencent à Karbala
Et finissent à Karbala
Je ne lirai plus l'Histoire dorénavant,
Mes doigts sont brûlés
Et mes habits sont entachés de sang.

Voilà que nous abordons notre âge de pierre,
Chaque jour, nous reculons mille ans en arrière !
A Beyrouth la mer
A démissionné
Après le départ de tes yeux,
La poésie s'interroge sur son poème
Dont les mots ne s'agencent plus,
Et personne ne répond plus à la question,
Le chagrin, Balkis, presse mes yeux comme une orange.
Las ! je sais maintenant que les mots n'ont pas d'issue,
Et je connais le gouffre de la langue impossible ;
Moi qui ai inventé le style épistolaire
Je ne sais par quoi commencer une lettre,
Le poignard pénètre mon flanc
Et le flanc du verbe.

Balkis, tu résumes toute civilisation,
La femme n'est-elle pas civilisation ?

Balkis, tu es ma bonne grande nouvelle.
Qui donc m'en a dépouillé ?
Tu es l'écriture avant toute écriture,
Tu es l'île et le sémaphore,

Balkis, ô lune qu'ils ont enfouie
Parmi les pierres !
Maintenant le rideau se lève,
Le rideau se lève.

Je dirai au cours de l'instruction
Que je connais les noms, les choses, les prisonniers,
Les martyrs, les pauvres, les démunis.

Je dirai que je connais le bourreau qui a tué ma femme
Je reconnais les figures de tous les traîtres.

Je dirai que votre vertu n'est que prostitution
Que votre piété n'est que souillure,
Je dirai que notre combat est pur mensonge
Et que n'existe aucune différence
Entre politique et prostitution.
Je dirai au cours de l'instruction
Que je connais les assassins,
Je dirai que notre siècle arabe
Est spécialisé dans l'égorgement du jasmin,
Dans l'assassinat de tous les prophètes,
Dans l'assassinat de tous les messagers.

Même les yeux verts
Les Arabes les dévorent,
Même les tresses, mêmes les bagues,
Même les bracelets, les miroirs, les jouets,
Même les étoiles ont peur de ma patrie.
Et je ne sais pourquoi,
Même les oiseaux fuient ma patrie.

Et je ne sais pourquoi,
Même les étoiles, les vaisseaux et les nuages,
Même les cahiers et les livres,
Et toutes choses belles
Sont contre les Arabes.

Hélas, lorsque ton corps de lumière a éclaté
Comme une perle précieuse
Je me suis demandé
Si l'assassinat des femmes
N'est pas un dada arabe,
Ou bien si à l'origine
L'assassinat n'est pas notre vrai métier ?

Balkis, ô ma belle jument
Je rougis de toute mon Histoire.
Ici c'est un pays où l'on tue les chevaux,
Ici c'est un pays où l'on tue les chevaux.

Balkis, depuis qu'ils t'ont égorgée
O la plus douce des patries
L'homme ne sais comment vivre dans cette patrie,
L'homme ne sait comment vivre dans cette patrie.

Je continue à verser de mon sang
Le plus grand prix
Pour rendre heureux le monde,
Mais le ciel a voulu que je reste seul
Comme les feuilles de l'hiver.

Les poètes naissent-ils de la matrice du malheur ?
Le poète n'est-il qu'un coup de poignard sans remède porté au cœur ?
Ou bien suis-je le seul
Dont les yeux résument l'histoire des pleurs ?

Je dirai au cours de l'instruction
Comment ma biche fut tuée
Par l'épée de Abu Lahab,
Tous les bandits, du Golfe à l'Atlantique
Détruisent, incendient, volent,
Se corrompent, agressent les femmes
Comme le veut Abu Lahab,

Tous les chiens sont des agents
Ils mangent, se soûlent,
Sur le compte de Abu Lahab,
Aucun grain sous terre ne pousse
Sans l'avis de Abu Lahab
Pas un enfant qui naisse chez nous
Sans que sa mère un jour
N'ait visité la couche de Abu Lahab,
Pas une tête n'est décapitée sans ordre de Abu Lahab

La mort de Balkis
Est-elle la seule victoire
Enregistrée dans toute l'Histoire des Arabes ?

Balkis, ô ma bien aimée, bue jusqu'à la lie !

Les faux prophètes sautillent
Et montent sur le dos des peuples,
Mais n'ont aucun message !

Si au moins, ils avaient apporté
De cette triste Palestine
Une étoile,
Ou seulement une orange,
S'ils nous avaient apporté des rivages de Ghaza
Un petit caillou
Ou un coquillage,
Si depuis ce quart de siècle

Ils avaient libéré une olive
Ou restitué une orange,
Et effacé de l'Histoire la honte,
J'aurais alors rendu grâce à ceux qui t'ont tuée
O mon adorée jusqu'à la lie !
Mais ils ont laissé la Palestine à son sort
Pour tuer une biche !

Balkis, que doivent dire les poètes de notre siècle !
Que doit dire le poème
Au siècle des Arabes et non Arabes,
Au temps des païens,
Alors que le monde Arabe est écrasé
Ecrasé et sous le joug,
Et que sa langue est coupée.

Nous sommes le crime dans sa plus parfaite expression ;
Alors écartez de nous nos œuvres de culture.

O ma bien aimée, ils t'ont arrachée de mes mains,
Ils ont arraché le poème de ma bouche,
Ils ont pris l'écriture, la lecture,
L'enfance et l'espérance.
Balkis, Balkis, ô larmes s'égouttant sur les cils du violon !
Balkis, ô bien aimée jusqu'à la lie !
J'ai appris les secrets de l'amour à ceux qui t'ont tuée,
Mais avant la fin de la course,
Ils ont tué mon poulain.

Balkis, je te demande pardon ;
Peut être que ta vie a servi à racheter la mienne
Je sais pertinemment
Que ceux qui ont commis ce crime
Voulaient en fait attenter à mes mots.

Belle, dors dans la bénédiction divine,
Le poème après toi est impossible
Et la féminité aussi est impossible.

Des générations d'enfants
Continueront à s'interroger sur tes longues tresses,
Des générations d'amants
Continueront à lire ton histoire
O parfaite enseignante !
Les Arabes sauront un jour
Qu'ils ont tué une messagère
QU'ILS…ON….TU…E…UNE….MES…SA…GERE.
h
17 décembre 2004 19:47
MA SEULE PRIERE


Autour du sanctuaire sacré
de La Mekke,
les criminels ont imploré Dieu,
lui demandant pardon
de leurs péchés, afin qu'il leur remette
leurs peines.

J'ai crié, à mon tour:
Ô Dieu de miséricorde,
ma première requête
pour moi-même:
Layla!
afin que Tu sois son protecteur.

Si Layla un jour
m'est accordée
au cours de ma vie,
l'intensité de mon repentir
ne pourra jamais se trouver
dépassée
par la contrition
d'aucuns des serviteurs du très-Haut.

Son approche est une
oasis de fraîcheur
pour mes yeux,
et celui qui la dénigre
augmente en moi
la stupeur admirative
éveillée par ma Layla!

Combien sont venus murmurer
à mon oreille:
Repens-toi, afin de gagner
le repos!
Avec obstination
j'ai refusé de leur obéir.
Ceci, est pas ma vie,
un vêtement
que je refuse de porter.

L'âme ne t'a pas quittée,
ô Nuit, malgré les ténèbres
dont tu l'environnes,
mais c'est Layla qui te rend
plus brève, ou plutôt c'est toi
qui n'arrives pas à mériter la faveur
de l'étreindre plus longtemps.

Patience donc, ô mon âme,
et sache, par Dieu, que tu n'es point
la première
qui ait vu disparaître au loin
ta Bien-Aimée.



MADJNOUN LAYLA

Qays ibn al-Moulawah, de la tribu des Banou-'Amir ibn Sa'sa'a, appelé Madjnoun Layla, << Le Fou de Layla >>, a laissé un ensemble de poèmes consacré à celle qu'il aimée jusqu'à en perdre la raison. Le père de Layla, refusant Qays, marie son adorable fille à Ward ibn Muhammad. L'amant erre à demi nu dans les lieux déserts, ne recouvrant un peu de sa raison que pour chanter celle dont il est passionnément épris. L'histoire de Madjnoun est devenue l'un des thèmes de la poésie mystique persane et turque. La réalité historique du personnage a été contestée. Reste l'oeuvre: celle d'un Tristan de l'Orient.
i
17 décembre 2004 19:49
délicieux malgré la traduction
r
18 décembre 2004 08:39
extrais .....

«qu’est-il reste de Nous?

après tant de massacres!

Des ruines géantes

ou les corbeaux avides de sang

se repaissent des restes de nos drames.




«Fallait-il , mon Dieu, oublier

jusqu'à ton nom,

pour perpétuer un tel génocide?

Quand vivre désormais les yeux clos

m’est devenu chose impossible.




«Hier l’Irak, aujourd’hui la Bosnie

et encore la Palestine mise en sourdine

et d’autres braises ardentes

faisant de bouches féroces

qui perpétuent la déchéance

échéance après échéance ...»

Kamel Zebdi

«Qu’est-il reste de Nous», Caresses Réinventées, p. 62
h
18 décembre 2004 18:52
A MA MERE


J'ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère...
Et l'enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J'aurais honte des larmes de ma mère!

Fais de moi, je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l'ourlet de ta robe...
Et je serai, peut-être, un dieu,
Peut-être un dieu,
Si j'effleurais ton coeur!

Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J'ai vieilli. Ramène les étoiles de l'enfance
Et je partagerai avec les petits oiseaux,
Le chemin du retour...
Au nid de ton attente!


Mahmoud Darwich

18 décembre 2004 19:42
la poésie arabe est magnifique, je trouve rien a redire dessus, je suis charmé
La vie est dure mais ..."Alhamdoulillah 3ala kouli hal":)[color=#330066]Un humain, un homme, un frére[/color] :)
r
18 décembre 2004 20:14
heureuse ke tu sois charmé shams smiling smiley
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19 décembre 2004 23:31
S’envolent les colombes
S’envolent les colombes
Se posent les colombes

Prépare-moi la terre, que je me repose
Car je t’aime jusqu’à l’épuisement
Ton matin est un fruit offert aux chansons
Et ce soir est d’or
Nous nous appartenons lorsque l’ombre rejoint son ombre dans le marbre
Je ressemble à moi-même lorsque je me suspends
Au cou qui ne s’abandonne qu’aux étreintes des nuages
Tu es l’air se dénudant devant moi comme les larmes du raisin
L’origine de l’espèce des vagues quand elles s’agrippent au rivage
Et s’expatrient
Je t’aime, toi le commencement de mon âme, toi la fin

S’envolent les colombes
Se posent les colombes

Mon aimé et moi sommes deux voix en une seule lèvre
Moi, j’appartiens à mon aimé et mon aimé est à son étoile errante
Nous entrons dans le rêve mais il s’attarde pour se dérober à notre vue
Et quand mon aimé s’endort je me réveille pour protéger la rêve de ce qu’il voit
J’éloigne de lui les nuits qui ont passé avant notre rencontre
De mes propres mains je choisis nos jours
Comme il m’a choisi la rose de la table
Dors, ô mon aimé
Que la voix des murs monte à mes genoux
Dors, mon aimé
Que je descende en toi et sauve ton rêve d’une épine envieuse
Dors, mon aimé
Sur toi les tresses de ma chevelure. Sur toi la paix
(…)
J’ai vu le pont
L’Andalousie de l’amour et du sixième sens
Sur une larme désespérée
Elle lui a remis son cœur
Et a dit : l’amour me coûte ce que je n’aime pas
Il me coûte mon amour
Puis la lune s’est endormie
Sur une bague qui se brisait
Et les colombes se sont envolées
L’obscurité s’est posée
Sur le pont et les amants

S’envolent les colombes
S’envolent les colombes


mahmoud darwich

winking smiley
h
20 décembre 2004 00:32
PROLOGUE A L’HISTOIRE DES ROIS DES TÂ’IFA*



Enfant est le visage de Yâfâ L’arbre flétri s’épa-
nouira-t-il ? La terre entrera-t-elle dans une image vierge
Qui, là-bas, ébranlera-t-il l’Orient ? La belle
tempête s’est levée mais la belle désolation n’est pas
encore venue Voie errante…

(Une tête délirait, se livrait à des pitreries. Portée à bout
de bras elle clamait : je suis le Calife !) Ils vaguèrent,
creusèrent une fosse pour le visage de ‘Alï C’était un enfant, un enfant blanc ou un enfant noir Yâfâ, ses arbres, ses chants Yâfâ… Ils ont serré les rangs, ont lacéré le visage de ‘Alî

Le sang de l’égorgé emplit les coupes.
Dites : c’est un cimetière.
Ne dites pas : Rose était ma poésie,
elle est devenue sang. Entre le sang

et la rose, rien qu’un fil de soleil.
Dites : Ma cendre est ma demeure.
Ibn ‘Abbâd aiguise l’épée entre tête à tête,
Ibn Jawhar est mort.

Au commencement il n’y avait
qu’une racine de larmes (je veux dire mon pays)
et la distance était mon fil. Je me suis dénoué
et le verdoiement arabe
mon soleil s’est noyé.
La civilisation est civière,
la ville
rose païenne,
tente.

Ainsi commence ou finit le récit :
La distance était mon fil. J’ai rattaché mes liens,
moi le cratère astral,
et j’ai écrit la ville
(lorsqu’on la traînait et que les pleurs étaient son rempart babylonien).
J’ai écrit la ville
comme suinte l’alphabet,
non pour guérir les blessures,
non pour ressusciter la momie,
mais pour ranimer les divergences…
(Le sang unit la rose au corbeau.)
Pour couper les ponts et laver les visages tristes
dans le saignement des siècles.
J’ai écrit la ville, prophète marchant vers la mort.
Je veux dire mon pays,
mon pays écho,
écho, écho…

Ba s’est dévoilé la tête, djim est une mèche de cheveux.
J’entends ha suffoquer de sanglots
et ra tel le croissant de lune
s’abîmer et fondre dans les sables.
Disparais, disparais,
sang qui se fige et s’écoule en désert de mots.
Sang qui tisse le désastre ou les ténèbres, disparais !
Abolie est la magie de ton histoire.

Accordez-nous le pardon
Accordez-nous la grâce
O cornes de gazelles
O cils des antilopes

J’hésite, je te vois, mon pays, à chaque instant
dans une image.
Je te porte à présent sur mon front, entre mon sang et ma mort.
Es-tu rose ou sépulture ?

Je te vois – horde d’enfants traînant leurs entrailles,
Obéissant, se prosternant devant les chaînes,
Revêtant à chaque coup de fouet
une peau nouvelle.

Es-tu rose ou sépulture ?
Tu m’as tué, tu as tué mes chants.
Es-tu carnage ou révolution ?

J’hésite, je te vois, mon pays, à chaque instant
dans une image.
....
h
20 décembre 2004 00:34
....



Et ‘Alî la lumière. Il va,
portant son histoire assassinée
de cabane en cabane.

<< Ils m’ont dit que j’ai une maison
comme ma maison d’Arîhâ,
que j’ai des frères au Caire,
que les frontières de Nâssirah
sont la Mekke. >>

Comment la connaissance s’est-elle changée en chaîne ?
Et la distance en feu grégeois, en victime ?
Est-ce pour cela que l’histoire refuse mon visage,
que je ne vois plus de soleil arabe à l’horizon ?

Ah, si tu connaissais la farce !
(Tu peux l’appeler discours du calife. Ou carnaval.)
Elle a deux patrons :
l’un aiguise le couperet,
le second se vautre dans la poussière.
Si tu connaissais la farce…

Comment ? Par où t’es-tu glissé
entre la nuque du supplicié
et la lame des bourreaux ?
Comment ? Quoi ? As-tu été assassiné ?
Tu étais comme les autres. Tu es fini, mais la farce n’en
finit pas.
Tu étais comme les autres. Refuse les autres !

Ils sont partis de là-bas. Commence à partir d’ici :
autour d’un enfant agonisant,
d’une maison qui s’écroule
sous la poussée d’autres maisons.
Commence à partir d’ici,
de la plainte des rues, de leurs vents suffoquants,
d’un pays dont le nom devient cimetière.
Commence à partir d’ici, comme la tragédie
ou comme naît la foudre.
Es-tu mort ? Voici que tu deviens tonnerre
dans le giron de la foudre,
créant comme crée la foudre.
Vois comment tu t’es dissous
et comment tu ressuscites.
Tu es fini, mais la foudre n’en finit pas.

Ton seul bien était l’ombre d’une tente. On y trouvait des haillons, parfois de l’eau, parfois du pain. Tes enfants ont grandi dans une flaque, mais tu n’as pas désespéré. Tu t’es rebellé. Tu es devenu les yeux, le rêve.
Tu apparais dans une cabane sur le Jourdan,
ou dans Gaza, ou Jérusalem.
Tu assièges la rue en deuil
puis tu la laisses dans la joie des noces.

Mer, ta voix déferlante.
Montagne, ton sang jaillissant.
Et quand la terre te portera jusqu’à son lit,
tu laisseras à l’amant, au légataire,
un double ruisseau
de ton sang versé deux fois.


Enfant est le visage de Yâfâ L’arbre flétri s’épa-
nouira-t-il ? La terre entrera-t-elle dans une image vierge
Qui, là-bas, ébranlera-t-il l’Orient ? La belle
tempête s’est levée mais la belle désolation n’est pas
encore venue Voie errante…

Le passé est dans son déclin mais ne décline pas
(Pourquoi le passé décline-t-il et ne décline-t-il pas ?)
Dal, silhouette brisée de tristesse.
(Pourquoi le passé décline-t-il et ne décline-t-il pas ?)
Qaf, dans l’imminence, plus proche que portée d’arc.

Je réclame l’eau et il me donne du sable.
Je réclame le soleil et il me donne une caverne.

Es-tu maître ? Tu le resteras.
Esclave ? Tu le resteras.

Ainsi va le récit : Il me donne une caverne, à moi qui lui réclamais un soleil. Pourquoi le passé a-t-il décliné et ne décline-t-il pas ? Pourquoi cette terre génitrice de douleurs, cette terre monotone.

Es-tu maître ? Tu le resteras.
Esclave ? Tu le resteras toujours.

Change l’image, change le drapeau ; toi, tu ne changeras pas.

…dans une géographie qui se prolonge…et se prolonge ..
Le maître résidant en première page fait son entrée, monté sur une bête de la taille d’un gibet. Il se mue en statue pour remplir les places publiques. (Et l’épouse du gouverneur se lavait le croupion, tandis qu’autour d’elle des femmes chevauchaient un javelot et que des hommes enregistraient leurs battements de cœur sur un temps froissé comme un chiffon palpé entre les doigts…)

Kaf frémit sous un noyau de refus profond comme la lumière.
Ta : histoire à toiture de cadavres et vapeurs de prières.
Alif : potence trempée de lumière fangeuse.
Ba : couteau qui décortique la peau humaine et la façonne en semelles pour pieds célestes…dans une géographie qui se prolonge…et se prolonge…

Des arbres ont des fruits la métamorphose et la migration dans la lumière. Ils sont ancrés en Palestine et leurs branches sont fenêtres. Nous avons écouté leurs distances, lu avec l’étoile des légendes. Soldats et juges dont rouler les os et les têtes. Des hommes dorment comme dort un rêve : chassés, tirés vers l’errance…

De quelle manière commencer ?
(Un pain me suffira, et une cabane. Dans le soleil je trouverai de quoi me donner l’ombre. Non, je ne suis pas le casque du gladiateur. Je ne suis pas le bouclier du chef. Je suis le Jourdain. Je trie les fleurs et les séduis. Sang qui s’écoule…Je m’enfouis dans ma terre - mon sang sera son eau. Mon sang sera ce veilleur fragile : poussière mêlant l’amant errant au vent. Restera la sève…)
....
h
20 décembre 2004 00:36
....


Un enfant chuchote Enfant est le visage de Yâfâ
Ici est tombé le rebelle Haïfa gémit dans une pierre noire et le palmier qui a couvert Marie de son ombre pleure J’ai murmuré : la faim est dans mes talons et la terre palpite entre mes paumes Nous avons dévoilé nos secrets (chemins seront les taches des larmes) Je palpe le flanc de la lumière qui déracine le désert et l’univers ligoté avec une corde d’anges
Vois-tu les traces d’un astre ? l’astre entend ma voix
Je répéterai après lui et répéterai encore : Au temps des cendres, un homme jeta son histoire au braises de nos jours et mourut

(Tant que l’état subsiste, tu ne connaîtras pas la liberté.) Te souviens-tu? La prison était un chant. Te souviens-tu? (La base, le pouvoir des travailleurs...) Quel intérêt ? La révolution se dégrade, se réduit à un mot, se rallonge comme une table. As-tu la Sourate de la Table ?
Un feddayin traçait son nom en lettres de feu et mourait dans les gorges glacées.

Jérusalem trace son nom.
L’Etat ne cesse d’exister.
L’Etat existe toujours.

Cependant, le fleuve égorgé suit son cours.
Toute eau est visage de Yâfâ,
toute blessure est visage de Yâfâ,
et les millions qui crient leur refus
sont visages de Yâfâ.
Les amants sur les terrasses, dans les chaînes ou dans
les tombes sont Yâfâ.
Et le sang qui s’écoule du flanc du monde est Yâfâ.

Au nom de Yâfâ,
Nomme-moi Qays,
Nomme-moi la terre Laylâ.
Au nom du peuple qui brandit le soleil en salut,
Nomme-moi grenade ou fusil.



Voilà ce que je suis : (non, je n’appartiens pas au siècle du déclin)
je suis l’heure du viol immense et le séisme des idées.
Voilà ce que je suis. Une nuée est passée,
Enceinte d’un tourbillon de folie.
L’errance s’est sauvée sous ma fenêtre, disent les autres.
Mais que disent les autres ?

Il veille sur le troupeau de ses paupières.
Il lie l’étrange à l’étrange.

Voilà ce que je suis : je lie l’étrange à l’étrange.

Ainsi, ai-je écrit l’Histoire :
Au dessus du minaret,
Une lune étrille les chevaux
Et dort dans les bras d’une amulette.
J’ai noté : la défaite a maculé la chair des siècles,
Oran est comme Kâzimiyyah,
Damas est Beyrouth la vieille-
Désert qui avale les saisons, sang pourri.
Le feu des symboles a cessé d’engendrer les cités
Et l’espace.
J’ai noté : ce qui reste n’est que sang sénile à l’agonie.
La défaite a maculé la chair des siècles

…dans une qui se prolonge… et se prolonge…
là où le mot devient trame aux mailles criblées de trous comme du coton gonflé. Des jours porteurs de membres transpercés entrent dans une histoire vide de tout sauf d’ongles. Des triangles en forme de femme gisent entre page et page. Toute chose vient à la terre à travers le chas du mot : insecte, dieu, poète,
par la piqûre, par l’insomnie et la fièvre dans la voix ; par les balles et les ablutions ; par la lune ; par la fourmi de Salomon ; par les champs qui fleurissent de banderoles sur lesquelles on a inscrit « A la recherche du pain », ou « A la recherche d’une fesse, mais en secret », ou « Le mouvement est-il dans le pas ou dans la route ? »
La route est de sable. L’air se courbe au-dessus d’elle et le pas est un instant, lisse comme le galet…

Et le temps allait se projeter hors du temps, et ce que l’on appelle patrie s’asseyait sur le rebord de l’instant et frôlait la chute. « Comment la retenir ? » demanda un homme enchaîné et à demi-muselé. Pour toute réponse il reçut une autre chaîne, et une foule dense comme le sable se mit à sécréter une distance de la taille de lam, mim, alif ou de sad, ‘ayn, ya, hé, kaf, et à la piétiner, tissant étendards, tapis, coupoles, bâtissant un pont pour relier l’au-delà au monde…
Une mouche passa par là et s’installa sur le mot. Aucune lettre se remuant, elle s’envola sur ses ailes déployées. Survint un enfant qui demanda où était le mot. Une épine lui poussa dans la gorge et envahit sa langue…
…dans une géographie qui se prolonge…et se prolonge…

« L’ennemi gagne, eux ils perdent. Il avance, eux reculent ; il s’allonge, eux rapetissent, se réduisent à un drapeau en berne, à une voix éteinte. Et les rois s’acharnent à colmater les brèches…Quand la situation s’aggrave, l’Andalousie sollicite l’aide du bon roi pour sauver la région de Jazîrah, tombée aux mains des Espagnols. Il contente d’offrir regrets et condoléances, disant que la guerre est une compétition et qu’ils sauront bien se tirer d’affaire…L’ennemi ne cesse de les attaquer et les combattre, de jour comme de nuit. Il les chasse de leurs places fortes, les boutes hors de leurs demeures. Il les écrase et les extermine par la mort ou la captivité… »
…dans une géographie qui se prolonge…et se prolonge…

Viendra un temps entre rose et cendres
Où toute chose s’éteindra,
Où toute chose commencera.



…je chante ma tragédie. Je ne me vois plus à la pointe de l’Histoire., sur le fil de la lame. Je commencerai, mais où ? D’où ? Comment m’expliquer, et dans quelle langue ? Celle dont je me nourris m’a trahi. Je l’attesterai et je vivrai sur la crête d’un temps défunt. Je marcherai sur la crête d’un temps qui n’est pas encore venu.

Mais je ne suis pas seul Voici la gazelle de l’Histoire. Elle ouvre mes entrailles. Le fleuve des esclaves mugit. Plus de prophète, plus de dieu… Nous venons et nous découvrons le pain Nous avons découvert une lumière qui nous guide vers la terre, découvert un soleil qui jaillit d’un poing fermé Apportez vos pioches. Nous portons Dieu tel un vieillard mourant. Nous ouvrons au soleil un chemin autre que les minarets, à l’enfant un livre autre que les anges, au rêveur un œil autre que Médine et Kûfah Apportez vos pioches Je ne suis pas seul


Enfant est le visage de Yâfâ L’arbre flétri s’épa-
nouira-t-il ? La terre entrera-t-elle dans une image vierge
Qui, là-bas, ébranlera-t-il l’Orient ? La belle
tempête s’est levée mais la belle désolation n’est pas
encore venue Voie errante…

Ils sont sortis des Livres vétustes où pourrissent
les origines.
Ils sont venus comme viennent les saisons.
Les cendres ont étreint les contraintes,
Les champs ont marché vers les champs.

Non, il n’appartient pas au siècle du déclin :
Il est le séisme des idées.
Il est l’heure du viol immense.



ADONIS


* Les Mulûk at-tawâ’if: rois des petites dynasties locales qui se partagèrent le pouvoir en Espagne dans la première moitié du 10 ème siècle, après la chute de l’émirat fondé par les Ommeyyades.
h
20 décembre 2004 19:53
EST-CE BIEN LA MAGIE...



Le coeur s'est laissé charmer,
et puis il s'est souvenu
de cet amour
d'enfant,
qu'il ne laissait pas paraître,

Pour Zaynab qui nous offrait
généreusement son âme
toute limpide,
Zaynab,
eau pure exempte de trouble.

N'est-ce point elle qui a dit
à l'une de ses servantes,
auprès de qui
nous même
avions confié le secret:

Souhaite-lui bonne paix
en le priant de chercher
une autre voie,
car sa présence
est un danger pour nous.

J'ai envoyé ma servante à mon tour
en lui disant ces mots:
Garde-toi bien
et porte
mon message à qui de droit.

Déclare donc à ma Zaynab
en termes délicats:
Accorde s'il te plaît
Faveurs
et don gracieux à Omar.

De tant audace étonnée,
elle hôcha la tête et dit:
Qui donc est-il
celui
qui ose donner des ordres?

Est-ce bien là ta magie
qui les femmes ensorcelle
On me l'affirme
et me voilà
déjà prête à le croire.

----------------------------------------------
ZAYNAB EST SEULE MEDECIN...

Qu'a donc ce malade à cacher son mal devant les hommes?
A Zaynab nous dirons son secret et ses inquiétudes.

je répondrai au médecin qui cherche à me guérir:
Amène-la, tu connaîtras le mal sans m'osculter.

Si la maladie, tu ne peux la vaincre par Zaynab,
dans l'art des médecins jamais plus je n'aurai confiance.

Pour elle je renoncerai à tout repos nocturne
tant que le croque-mort n'aura pas redressé ma tête.

Un clair de lune a éclos dans ma triste solitude,
dénudant ses ténèbres et chassant celui qui veille.

Non, je n'ai obtenu d'elle aucune chose illicite,
sauf que tous deux nous a vêtus une robe rosée.

Comme deux amis, nous passons notre temps sans péché,
malgré tout ce que suppose l'envieux qui nous honnit.



OMAR IBN ABI RABI'A
26/646- 93/712


C'est "incontestablement le plus grand poète arabe de l'amour" (Ruckert)-si l'on s'en tient en tout cas à la période classique. C'est aussi le chevalier galant de la société bourgeoise des villes sous les premiers khalifes. Appartenant à la branche qouraychite des Makhzoum, il fut durant un temps gouverneur de la ville de Djanad, au Yémen. Il avait assez de fortune pour pouvoir se consacrer entièrement à ses activités poétiques, qui allaient de pair avec des idylles où s'engageaient avec lui les grandes dames de l'époque. L'aventure sentimentale, scandée de rencontres et d'adieux, est pour lui à la fois un thème inspirateur et la matière même de la vie.

h
26 décembre 2004 16:00
UN IVROGNE


Abattu au combat contre la boisson enivrante,
il lève à grand-peine sa tête pour boire encore, et revivre,
alors que sont morts ses os n'en pouvant plus
et que ses jointures crient grâce.

Quelquefois nous le soutenons, entre nous chancelant,
mais souvent c'est un cadavre que nous traînons,
privé dirait-on du pouvoir de recouvrer
avant le dernier soupir son esprit égaré.

Quand on soulève sa pointure au sol bien étalée,
elle semble soudain peser beaucoup plus que son poids;
veut-on alors le ramener chez lui, qu'il faut
le jeter sur son dos, tel le sac de portfaix!
------------
LA RUE


Front baissé, ils traînent sur le sol des charges pesantes
qu'on prendrait pour autant de cadavres raidis,
longs ballots rigides évoquant des corps noircis,
objets nus qu'on aurait négligé de vêtir.

Je leur ai dit: Compagnons, éclairez-moi donc!
sinon, qu'il n'y ait plus de père à votre père!
et eux de déposer leurs fardeaux dans l'instant
pour m'obliger et m'expliquer leurs étranges façons.

Ainsi marche la foule, piétinant alentour
des fiers cavaliers qui émergent de sa masse,
légions de fourmis renversées sur le sol,
épousant savammant les méandres du sable.
-------------
ELOGE DES OMAYYADES

Groupe assemblé pour défendre le droit,
répugnant à l'indecence des mots,
fuyant la honte, il s'arment de patience
quand les difficultés leur font obstacle.

Soleil d'inimitié, jusqu'à l'heure
où l'on se range sous leur bannière.
En bonté, les plus illustres de ceux
qui ont accédé au faîte de la puissance.


AL-AKHTAL

Poète chrétien, appartenant à la tribu des Taghlib, il fut le chantre de la dynastie des Omayyades. Ses moeurs étaient celles d'un poète, et il ne se défendait ni de fréquenter les chanteuses ni de boire du vin. Cependant il portait fièrement sa croix d'or au cou et participait avec sa tribu au pèlerinage du sanctuaire de Saint-Sergius. Il resta fidèle toute sa vie à la vie nomade, refusant non sans insolence le confort de la Cour de Damas. Ses poèmes sont plus travaillés que ceux de ses collègues Djarîr et Al-Farazdaq, avec lesquels il mena la guerre des rimes. Dignité farouche, fierté arrogante du bédouin, intégrité morale, telles furent ses qualité d'homme et de poète. Plus proche de l'ivrogne tombé, somme toute, que du passant des villes affairé à de basses besognes, ainsi qu'il est montré ici.
c
26 décembre 2004 23:33
L'histoir de kharboucha :




íÜÜÜÜÜÜÜÜÇãÜÜÜÜÜÜÇ íÜÜÜÜÜÜÜÜÇãÜÜÜÜÜÜÇ
ÚÜÜÜÜÑÝÜÜÜæÇ ÇáÜÜäÜÜÜÜÇÓ ÝÜÜÜí ÇáÜÜÜÍÜÜÜÜÈ ÛÜÜÜÜÒæÇÊ
ÇäÜÜÊÜÜÕÜÜÑ ÝÜÜíÜÜÜåÜÜÜÇ ÇáÜÜÜÜÍÜÜÜÜÜÈ æ ÇÊÜÜÜÜåÜÜÜÜÜÜÜÜÒã
æÈÜÜÜÜÜíÜÜÜÜÜÜä ÇáÜÜÜÜÛÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÒæÉ æ ÇáÜÜÜÜÜÛÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÒæÉ
ÞÜÜÜÜØÜÜÜÜÚ ÇáÜÜÜÜÜÜÜÜÒãÜÜÜÜÜÜÜÜä ãÜÜÜÜÜÓÜÜÜÜÜÜÇÝÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÇÊ
ßÜÊÜÜÈ ÍÜÜßÜÜÇíÜÜÜÇÊ ÍÜßÜÜÇÊÜÜåÜÜÇ äÜÜÜÜÇÓ áÜÜäÜÜÜÜÜÇÓ
æØÜÜÜÜÜÜÜÜÜæÇåÇ ÇáÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÒãÜÜÜÜÜÜÜÜÜä æÇÎÜÜÜÜÜÜÊÜÜÜÜÜÜÜã
ÃíÜÜÜÜÜÜÜÜÇã ÇáÜÜÜÜÓÜÜÜíÜÜÜÜÈÜÜÜÜÇ æ ÛÜÜÜÜÇÈÜÜÜÜÑ ÓÜÜäÜÜíÜÜÜÜÜä
äÜÜÜÜÜÜÑæí ÍÜÜßÜÜÇíÜÜÜÜÉ ãÜÜÜÇ ÑæÇåÜÜÜÜÜÜÜÇ ãÜÜÜÜÜÜÜÜÏÇÏ
ÍÜÜÜßÜÜÜÇíÜÜÜÉ ÛÜÜÜÜÜÒÇá ÊÜÜÝÜÜÊÜÜä ÈÜÜÜÜÇáÜÜÜÜÜÜÒíÜÜÜÜÜÜÜÜä
ÓÜÜÜÈÜÜÜÍÜÜÜÇä ãÜÜÜä ÕÜÜÜæÑåÜÜÜÜÇ ÎÜÜÇáÜÜÞ áÜÜÚÜÈÜÜÜÇÏ
ÓÜÜÜÜÜÜÇáÜÜÜÜÜÝ ÏáÜÜÜÜåÜÜÈÜÜÜÇ á íÜÜÜÔÜÜÜÈÜÜÜÜÜå ÇááÜÜÜíÜÜÜÜÜá
ÓÜÜÜÜÜíÜÜÝ ãÜÜÜÓÜÜÜÜÜáÜÜÜÜæá ÝÜÜÜÜí íÜÜÜÜÜÜÏ ÌÜÜÜÜÜÜÜÜáÇ Ï
ÚÜÜÔÜÜÜÜÜÞÜÜåÜÜÜÜÇ ÑÇÌÜÜÜÜÜÜá ßÜÜÜÜÇä áÜÜíÜÜÜÜÜÜå ÈÜÜÜÜÜÜÜÇá
ÝÜÜÜÜÜÜÜí ÇáÜÜÜÍÜÜÜÜæÒ ßÜÜÜÜÜÜÜÇä ÞÜÜÜÇ ÈÜÜÜÏ ÇáÜÜÞÜÜÜíÜÜÜÜÜÜÇÏ
ÞÜÓÜÜã ÈÜÇáÜÞÜÓÜÜã æÇáÜíÜãíÜÜÜä ÊÜßÜÜÜæä áÜÜæ ÎÜáÜÜíÜÜáÜÜÉ
ãÜÇ ÊÜÑÏ ßÜáÇ ã ãÔÜì ÇáÜÑÞÜÇÕ æ ÑÌÚ ÝÜí ÇáÜÍÜíä
ÎÜÜÜÑÈÜÜæÔÜÜÜÉ íÜÜÇáÜÞÜÇíÜÜÜÜÏ ÑÝÜÜÜÖÜÜÜÜÊ ÇáÜÜÜÍÜÜÜßÜÇã
ÃÚÜÜÜÜØÜÜÜÜì ÃãÜÜÜÜÜÜÑæ æÚÜÜÜÜáÜÜÜÜíÜÜÜå ãÜÜÜÜÜÜÇ ÊÜÜÜÜáÇ æ
ÎÜÜÜÜÑÌÜÜÜÜÜÜæÇ ÇáÜÜÜãÜÜÜÜÎÜÜÜÜÜÜÇÒäÜÜÜÜíÜÜÜÜÜÉ ÌÜÜÜÜÜÜÜÜÑÇæ
ÌÜÜÜÜÜÜÜÜÇÈÜÜÜÜÜÜÜÜæ ÎÜÜÜÜÜÜÑÈÜÜÜÜÜæÔÜÜÜÜÜÜÜÉ æ ÌÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÇæ
ÑãÜÜÜÜÜÇæåÜÜÜÜÜÇ ãÜÜÓÜÜßÜÜíÜÜäÜÜÜÜÉ ÈÜÜíÜÜÜÜä íÜÜÜÜÜÏ íÜÜÜÜÜå
ÔÜÜÜÜÜÇÝÜÜÜåÜÜÜÜÜÇ ÇáÜÜÜÞÜÜÜÜÇíÜÜÜÜÜÜÏ ÊÜÜÈÜÜÜÓÜÜã æ ÓÜÜÎÜÜÜÜÑ
ÛÜÜÜÜÜÒÇåÜÜÜÜÜÜÜÇ ÈÜÜÜÇáÜÜÜÌÜÜÜÇå ãÜÜÜÜÜÇ ÈÜÜÛÜÜÜÇÊ áÜÜÜíÜÜÜÜå
åÜÜÜÜÏ Ï åÜÜÜÜÜÜÜÇ ÈÜÜÜÜÜÜÜÜÜÇáÜÜÜÜÜÜÞÜÜÜÜæÉ æÊÜÜÜÌÜÜÜÈÜÜÜÜÜÜÜÜÑ
ÇÚÜÜÜÜØÜÜÜÇåÜÜÜÜÜÜÇ ÔÜÜÜÜÜÜÑØ ÎÜÜÜíÜÜÜÑåÜÜÜÜÜÜÇ ÝÜÜÜíÜÜÜÜÜå
ßÜÜÜÜÜÜÜÇáÜÜÜÜÜÜÊ áÜÜÜÜæ íÜÜÜÜÇ ÞÜÜÜÜÜÇ íÜÜÜÜÜÏ ÇáÜÜÜÜÞÜÜÜíÜÜÜÜÜÇÏ
íÜÜÜÜÇ ÇáÜÜÜÜÍÜÜÜÜÜÜÇßÜÜÜÜÜã ãÜÜÜÜä ÔÜÜÚÜÜÈÜÜÜÜÜÉ ááÜÜÜÜÜÜÜæÇÏ
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h
26 décembre 2004 23:42
merci chaïba kadim smiling smiley
c
26 décembre 2004 23:44
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