L’avion atterri à l’aéroport Es-Senia à 14h30, au moment de sortir de l’appareil le jeune homme prend une grande bouffée d’air, il ferme les yeux et respire il avait attendu tellement longtemps ce moment. La chaleur est plus que suffocante il a juste l’impression de porter un costume en amiante. Les douaniers présents sont élégants malgré leur uniforme datant de l’époque de Boumediene et recouvert par-ci par-là de sauce tomate. Voilà Halim apostrophé par un agent à la bedaine criante et à la moustache épaisse :
- Hendek déclaration !?
- Euh… pardon Mr l’agent ?
- Déclarer Dra-ram Oula La ?
- Euh…Oui j’ai 4300 euros en liquide mais pourquoi ?
- Loh bureau 3, enregistrement B2 dans la fiche national pour la régulation administrative de la banque nationale…
Mince alors c’est du charabia cette histoire…Le jeune homme s’exécute et « déclare » donc son argent.
Il sort de la zone douanière et n’en crois pas ses yeux ni ses oreilles… Il est accueilli par des « zralites » aigus et puissants, des enfants crient tout le monde est à la fête. Halim est hyper gêné il ne s’attendait vraiment pas à être accueilli comme un haut dignitaire ougandais. Il ne sait plus où donner la tête, tout le monde l’enlace, femmes, hommes, enfants, vieillards même des inconnus assistant au spectacle et y vont de leurs baisers et accolades musclées c’est du délire…
Halim n’est pas au bout de ses peines, le trajet pour se rendre dans son village pourrait faire pâlir le convoi du colonel Khadafi lors de sa fuite tragique de Syrte. Un convoi exceptionnel composé d’une vingtaine de voitures de tous genres et de toutes époques : de la 404 « bacheée » en passant par la CLS AMG il y en a pour tous les gouts. Les Algériens sont vraiment spéciaux se dit-il au fond de lui, c’est une certitude…
Sur la route, les paysages sont sublimes, d’une terre aride et desséchée on passe subitement à de beaux orangers, avec des fruits à la couleur éclatante et bien juteux. On croise des chèvres, des barrages policiers ainsi que des vendeurs ambulants. Mais ce qui choque le plus Halim c’est la conduite des Algériens, on se croirait tout simplement dans un remake de Mad-Max Fury, les automobilistes se muent en de véritables pirates de la route. Les priorités n’existent pas, les routes à deux voies se transforment en 4 ou 5 voies, on double même si un 38 tonnes arrive en face, l’amour du risque parait-il…
Il logera le temps de son séjour chez sa tante paternelle Fatma qui est une femme surprenante, malgré ces 11 grossesses, elle a gardé une beauté et une tonicité incroyable.
Le jeune homme n’a pas encore eu une seule minute pour souffler depuis son arrivée en Algérie, il est accaparé de toute part, le cousin, le neveu de la sœur de la mère, la tante, le petit fils de l’oncle, la nièce du frère de l’oncle, le petit frère du beau frère de la mère, encore et encore…
Il n’est pas loin de 20h place donc au repas qui est digne des plus grands banquets on se croirait au palais Topkapi à l’époque de Mehmet II, agneau embroché et ses petits condiments, brochettes aux milles et une saveur, tagine aux fruits secs, harira avec sa coriandre magique etc… Halim a mangé comme un ours sortie d’hibernation, il est plus que repu mais il ne dira surtout pas à tata Kheira qu’il a mangé une harira meilleure que la sienne…
La nuit a été courte, 4h18 l’appel à la prière a fait sursauter le jeune homme. Il a l’impression que le haut parleur est collé à son oreille... « Salat rih min el nwam » En voilà une phrase puissante, comment se rendormir après cela ? Il fait soigneusement ces ablutions et se dirige vers le petit masjid qui est à 40m de chez sa tante. Le lieu est simple sans décoration abusive, la moquette est propre, les fidèles sont présents en nombre et les versets psalmodiés par l’Imam lui donne la chaire de poule…
Il était écrit que cette première journée en terre africaine sera émotionnellement très éprouvante pour Halim. Le jeune garçon rentre se coucher pour récupérer un petit peu de toutes ces émotions. Mais ici on ne dort pas, les gens vivent à mille à l’heure dés le petit matin. Impossible de dormir avec tout ce brouhaha…
Son cousin Samir lui propose d’aller boire un « café » en ville, Halim est surpris par ce qu’il voit, les cafés sont bondés de toute part. Uniquement des hommes, des vrais, la testostérone est plus que présente ca transpire les hormones mâles. Si par malheur une femme à l’arrière train outrageux passe par là, les regards lancés sont similaires a des rayons lasers infrarouges à pénétration instantanée.
Que dire du café ? Halim a commandé le fameux café « press » ce n’est pas un café c’est un tord boyau avec un taux de caféine équivalent à 40 boissons de RedBull. Le genre de café qui t’excite pour au moins 72heures non stop, de la folie ! Peut être une piste pour comprendre la légendaire nervosité des Algériens…
Il est 11h après avoir baladé en ville, Halim demande à son cousin s’il peut lui emprunter sa jolie Africa Twin pour se promener dans l’arrière pays. Samir n’y voit aucun inconvénient. Le jeune garçon enfourche donc la moto avec une envie bien précise derrière la tête, rejoindre au plus vite le Mont khadra, lieu symbolique et tant cristallisé dans son esprit.
Il se sent libre sur cette moto, ici pas besoin de casque, pas de besoin de papiers, pantacourt et claquettes comme simple tenue de « motard », il fait fumer le bitume sous cette chaleur harassante.
A son premier barrage il sent la peur montée mais celle-ci s’est vite dissipée lorsque l’agent lui a signifié de circuler, normal, tout est normal ici… Le chemin pour se rendre sur le mont Khadra est désert il n’y a rien, la chaleur est brutale, les mouches explosent en plein vol, pas de signe de vie à l’horizon. La montée se fait sur un chemin caillouteux mais l’engin type enduro répond bien à chaque accélération.
Ca y est il y est ! Le mont Khadra… C’est ici il y a plus de 20 ans que le vieux polaroid a immortalisé à jamais cet instant. Halim met la moto sur béquille latérale et marche en direction du lieu tant idéalisé. Il s’assoit et sort la photo de son portefeuille, horizon lointain, chaleur brulante, silence absolue, tous ces sens sont en éveil… Un trop plein de douleur, mélancolie, tristesse… Les larmes coulent sur son si doux visage…
Citation Cryxus a écrit: J'ai pas encore eu le temps d'écrire la suite... Mais je vais m'y mettre asap... La suite est spéciale j'ai plein d'idées en tête...
Naiade,Leilamalabar et Playa je vous souhaite une bonne journée.
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