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Emmanuel Macron à Al Jazeera : «Mes propos sur les caricatures ont été déformés et sortis de leur contexte»

Après son discours du 22 octobre et ses messages en français et en arabe du 25 octobre, au sujet des caricatures du Prophète Mohammed, le président français a voulu parler aux musulmans (notamment arabophones) via Al Jazeera.

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Après le controversé discours du 22 octobre à l’occasion de l’hommage à l’enseignant Samuel Paty, décapité par un jeune tchétchène, le président français a accordé, ce samedi 31 octobre, une interview à Al Jazeera. Ni le choix du média ni le timing ne sont fortuits. La chaîne qatarie s’est érigée depuis quelques jours en porte-parole du «héros» de la campagne de boycott des produits français, à savoir le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Une sortie que l'entourage du président français, cité par Le Parisien, inscrit dans un effort d’Emmanuel Macron visant à «expliquer sa vision de manière apaisée» avec la volonté de démontrer que «ses propos sur la lutte contre les séparatistes sont déformés et ceux sur les caricatures souvent caricaturés».  

Emmanuel Macron a dès le début de l’entretien tenu à préciser que la France n’a «aucun problème avec l'islam», affirmant que «l’islam se pratique en toute liberté». Un discours en forme de main tendue après les réactions suscitées par la republication des caricatures du prophète Mohammed.

«Je suis ici porteur d’un message de paix»

Continuant sur la voie de l'apaisement, le président dit comprendre «qu'on puisse être choqué par des caricatures», tout en soulignant qu'il n'acceptera «jamais qu'on puisse justifier la violence». Il s’est dit, par ailleurs, déterminé à «défendre la liberté d’expression et les caricatures (…) Je considère que c'est notre vocation de les protéger». Il a cependant nuancer en précisant que «ces caricatures ne sont pas un projet gouvernemental, mais émanent plutôt de journaux non gouvernementaux libres et indépendants».

Macron a souligné que certains passages de son discours du 22 octobre à la Sorbonne «ont été déformés et sortis de leur contexte». Et d’ajouter que les réactions du monde musulman à ses propos «étaient dues aux mensonges et aux fausses déclarations, parce que les gens ont compris que j’étais en faveur de ces caricatures».

Le président français a affirmé qu’ «il y a des gens qui pervertissent l'islam et au nom de cette religion prétendent la défendre (…) ce qui est pratiqué au nom de l'islam est un fléau pour les musulmans dans le monde», rappelant que «plus de 80% des victimes du terrorisme sont des musulmans».

Tout au long de l’interview, Emmanuel Macron a martelé qu’il est sur la chaîne Al Jazeera «porteur d’un message de paix» aux musulmans. Un effort de pédagogie qui vise à atténuer les tensions ces derniers jours visant la France, ainsi que ses intérêts politiques et économiques dans certains pays musulmans.

Le 29 octobre à l'Assemblée Nationale, lors de l’examen du budget de son ministère, Jean Yves Le Drian avait lui aussi lancé le «message de paix au monde musulman», soulignant que la France est «le pays de la tolérance» et non du «mépris ou du rejet». «N’écoutez pas les voix qui cherchent à attiser la défiance. Ne nous laissons pas enfermer dans les outrances d’une minorité de manipulateurs», a ajouté le ministre des Affaires étrangères. Un ton beaucoup plus apaisé que le communiqué du Quai d'Orsay, le 25 octobre.

Article modified on : 31/10/2020 23h24