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France : Mantes-la-Jolie hérite d’un maire pro-Polisario mis en examen

Dans les Yvelines, la mairie de Mantes-la-Jolie a hérité d'un nouveau maire suite à la démission de Raphaël Cognet. Son premier adjoint mais opposant politique Sidi El-Haimer se retrouve maire par intérim en charge des affaires courantes jusqu’aux nouvelles élections. Retour sur le feuilleton politique qui a permis à un pro-Polisario mis en examen pour «subornation de témoin» de devenir maire d'une ville où vivent plusieurs milliers de Marocains.

Sidi El-Haimer, maire par intérim de Mantes-la-Jolie. / DR
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À Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, le feuilleton politique qui opposait le maire Raphaël Cognet (LR) à son mentor, ancien maire, et actuel conseiller municipal et président du conseil départemental des Yvelines, Pierre Bédier (LR), s’est soldée par la démission du premier. Depuis novembre, Raphaël Cognet avait signalé au préfet sa volonté de démissionner, rapporte le Parisien, alors que les deux hommes (LR) et leurs soutiens s’opposent sur des choix politiques.

Suite à cette démission du maire, c’est le pro-Polisario Sidi El-Haimer qui doit maintenant prendre par intérim les rênes de la ville, en tant que premier adjoint. Ironie du sort, El-Haimer s’était vu retirer ses délégations par Cognet en décembre. Officiellement, ce retrait intervenait suite à la mise en examen d’El-Haimer, officieusement, c’est sa proximité avec Pierre Bédier qui lui était reprochée par le maire. Seulement, la bataille politique n'est pas terminée et El-Haimer ne sera en fonction que quelque temps, jusqu'à la tenue de nouvelles élections.

Qui est Sidi El-Haimer ? Un pro-Polisario mis en examen

Fils d’un trésorier du Front Polisario, Sidi El-Haimer est dans le viseur de la justice qui l’a mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en mars pour «subornation de témoin», rapportait 78 actu. Dans l’affaire du marché du Val-Fourré, où un système de racket avait été mis en place entre 2010 et 2019, Sidi El-Haimer est soupçonné d’avoir eu «un comportement inadapté» et avoir proféré «des menaces pour inciter des personnes qui se plaignaient de racket à retirer leur plainte», estime Maryvonne Caillibotte, procureure de la République de Versailles. Au total, pas moins de 2 millions d’euros auraient été extorqués aux commerçants en presque 10 ans.

Une délibération en conseil municipal avait fait polémique dans la ville alors que Cognet, encore en bons termes avec El-Haimer, avait souhaité que ce dernier bénéficie de la «protection fonctionnelle» qui prévoit la protection d'un agent de l'État pour des faits qui lui sont reprochés dans l'exercice de ses fonctions. Cette délibération vivement critiquée par l'opposition, mais adoptée le 19 avril 2021, entraine la prise en charge des frais d’avocats par la commune qui l'emploie. Les élus de l'opposition demandent toujours le retrait de la délibération.

Les positions d'El-Haimer embarrassantes pour Pierre Bédier ?

Quant aux positions de Sidi El-Haimer, elles avaient poussé Pierre Bédier à se justifier de leur proximité en 2017, assurant que leurs affinités politiques ne témoignaient pas d’une sympathie à la lutte «pro-Sahraouie». Alors qu'il estime que les électeurs marocains sont 20 fois plus nombreux que les sahraouis, Bédier avait rejeté l'idée qu'il était électoraliste, tout en déclarant habilement être «monarchiste au Maroc et républicain en France». «Je suis résolument pour que le Sahara occidental soit une province marocaine», assurait-il aux électeurs dans le Monde Diplomatique.

Pour ne pas que l'affiliation séparatiste de l'élu ne fasse de vague, Bédier affirme même avoir menacé El-Haimer de l’exclure de la majorité municipale s’il «prenait la tête d’une manifestation pro-Polisario» et ramenait cette polémique au conseil municipal.

La ville ne restera cependant pas longtemps entre les mains du pro-Polisario car de nouvelles élections doivent maintenant être organisées d’ici à trois mois. Accompagnant la démission du maire, le départ de certains fidèles de Cognet a en effet provoqué un trop grand nombre de sièges vacants au conseil municipal. Ces élections pourraient néanmoins ne pas être en faveur du camp Bédier accusée d’être une «caste qui prend les Mantais en otage» par une proche de Cognet.