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L’Espagne veut impliquer l’OTAN dans ses crises avec le Maroc et l’Algérie

Le prochain sommet de l’OTAN ne sera pas exclusivement réservé à la guerre en Ukraine. L’Espagne, pays hôte de l’événement, cherche à arracher un appui militaire des membres de l’alliance atlantique dans ses crises politiques avec le Maroc et l’Algérie.

Photo d'illustration. / DR
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L’Espagne accueille, les 29 et 30 juin, un sommet ordinaire de l’OTAN. A Madrid, les participants auront à adopter un document appelé «OTAN 2020-2030», portant sur les risques auxquels font face les membres de l’organisation militaire.

Le gouvernement Sanchez compte saisir cette occasion pour proposer d’inclure dans ce «recueil» de menaces : «le chantage par l’immigration» irrégulière à des fins politiques et «la suspension de l’approvisionnement en gaz et pétrole». Une inclusion aux graves conséquences pour l’OTAN, notamment dans ses relations avec les pays auteurs de ces «menaces».

Cette idée est fortement défendue par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, rapporte ce mercredi le quotidien El Mundo. Le chef de la diplomatie est, depuis des semaines, en campagne promotionnelle de son projet. Il a d’ailleurs appelé, le 9 juin lors de sa participation à un forum organisé à Madrid, à «ne pas oublier le flanc sud (de l’Europe)», mettant principalement en garde contre «l’instrumentalisation politique absolument inacceptable de l'approvisionnement énergétique, du terrorisme djihadiste et des flux migratoires irréguliers pour faire pression sur notre souveraineté».  

Le Maroc et l’Algérie, dans la ligne de mire de la proposition espagnole

De son côté, le chef du gouvernement, Pedro Sanchez a alerté aussi sur les menaces guettant l’aile sud de l’OTAN dans un discours prononcé, le 25 mai, au Forum de Davos. «Pour l'Espagne, il est très important que le sommet de l'OTAN à Madrid envoie un message fort à son flanc sud. Nous devons faire face au défi sécuritaire sur le flanc est, mais aussi aux problèmes de sécurité sur le flanc sud», a-t-il précisé.

La nouvelle stratégie espagnole vise essentiellement le Maroc et l’Algérie. Le royaume a déjà fait pression sur l’Espagne en activant la carte de l’immigration irrégulière. En témoigne, d’ailleurs, l’exode de milliers de Marocains, les 17 et 18 mai 2021, vers Ceuta. Des arrivées massives, en deux jours seulement, alors que les relations maroco-espagnoles étaient engluées dans une grave crise, suite aux conditions ayant entouré l’hospitalisation, en avril de la même année, du chef du Polisario, Brahim Ghali, en Espagne.

L’Algérie s’initie également à jouer la même carte. Des médias ibériques font le lien entre la hausse du nombre de migrants irréguliers en provenance de l’Algérie qui arrivent aux Iles Baleares et l’annonce, le 18 mars, du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental.

Depuis l’officialisation de cet appui, l’Algérie a aussi menacé de suspendre ses exportations de gaz et de pétrole vers l’Espagne. Des menaces proférées à visage découvert par de hauts représentants du gouvernement algérien, tels : le ministre de l'Energie et des mines, Mohamed Akrab, le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaïd, et l’ambassadeur algérien accrédité en Italie, Abdellkrim Touahria.

Dans deux de semaines, la proposition espagnole sera adoptée ou rejetée par les membres de l’alliance atlantique. Pour rappel, depuis juin 2004, le Maroc bénéficie du statut d’allié majeur des Etats-Unis hors OTAN.