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Maroc-Algérie : Retour sur une courte séquence d’exception

L’histoire des relations entre le Maroc est une longue série de disputes. Le 8 février 1989 à Ifrane constitue une parenthèse. Retour sur ce momentum.

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A une semaine de l’annonce de la création de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), le 17 février 1989 février à Marrakech, le président algérien, Chadli Bendjedid, effectuait du 7 au 9 février une visite d’Etat au Maroc. Ce déplacement présidentiel marquait une courte séquence enchantée dans les relations entre Rabat et Alger.

Le roi Hassan II avait tenu à accueillir son invité à Ifrane. La ville nichée dans les montagnes du Moyen-Atlas avait servi, vingt-ans plus tôt, de cadre aux deux pays pour conclure le traité de fraternité et de bon voisinage. Fidèle à son habitude, Hassan II a déroulé le tapis rouge au président algérien. Il s’est déplacé en personne avec l'ensemble du gouvernement à l’aéroport de Fès pour accuellir son invité de marque.

Des troupes de danse populaire et des milliers de marocains placés tout au long de la route menant au palais royal d’Ifrane avaient participé aussi à cet accueil en fanfare de Bendjedid. La couverture médiatique de la cérémonie avait connu la présence d’un journaliste de la Télévision algérienne. Il partageait l’antenne avec son homologue marocain. Tout un symbole.

Quand Bendjedid chantait les louanges de l’Union du Maghreb

Au palais royal d’Ifrane, les deux leaders ont eu des entretiens en tête-à-tête. Le 8 février 1989, plusieurs ministres avaient signé, devant Hassan II et Bendjedid, des accords de coopération, dont un portant sur la création d’une société maroco-algérienne chargée de la réalisation du Gazoduc Maghreb-Europe. Une consolation pour le Maroc qui avait perdu la co-exploitation de la mine de fer de Gara Djbilet, située à l’ouest de Tindouf, conformément à un accord entre les deux voisins conclu en juin 1972.  

Au dîner officiel, le roi Hassan II a pris la parole pour souhaiter progrès et stabilité à l’Algérie. Le président Bendjedid a loué la «nouvelle ère» qui s’annonce dans les relations entre les deux pays, avec la création «dans les jours à venir» de l’Union du Maghreb Arabe. La construction maghrébine était d'ailleurs au centre de l’allocution de Bendjedid prononcée, le 9 février avant son départ, lors d’une réunion avec des représentants de la communauté algérienne installée au Maroc.

Le président a notamment «regretté le temps perdu» dans des disputes et promis à ses compatriotes d’ «oublier le passer et se tourner vers l'avenir (...) Nous sommes décidés à aller de l’avant et dépasser les problèmes du passé, en les traitant avec responsabilité afin de marcher pas à pas dans la construction du Maghreb arabe réel et aux solides fondations».

La visite d’Etat de Chadli Bendjedid était la dernière qu’un président algérien effectuait au Maroc. Abdelaziz Bouteflika s’est déplacé en juillet 1999 à Rabat, mais c’était dans le cadre des funérailles du roi Hassan II. La séquence du 7 et 8 février 1989 s’est révélée être une parenthèse vite refermée. Le 11 janvier 1991, Bendjedid a été contraint de présenter sa démission, laissant la présidence entre les mains d’un Haut conseil d’Etat, dominé par les militaires. Son départ marqua le début de la décennie noire en Algérie, le retour des tensions avec le Maroc et la paralysie de l’Union du Maghreb.