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Maroc-Norvège : Le médaillé olympique marocain Khalid Skah arrêté à Paris

Le médaillé d'or marocain des JO de Barcelone, Khalid Skah, a été arrêté à Paris, hier. Un mandat d'arrêt international pèse sur lui, depuis la Norvège, pour des accusations de menaces, violences, et pour l'enlèvement de ses deux enfants. L'affaire remonte à 2009, alors que les deux parents - lui est Marocain et elle Norvégienne - se disputent la garde des enfants.

Khalid Skah, médaillé d'or aux JO de Barcelone réclamait la garde de ses deux enfants maroco-norvégiens. /DR:VG
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Khalid Skah ignorait-il que pesait sur ses épaules un mandat d’arrêt international lancé par la Norvège en 2009 ? L’ancien champion marocain du 10 000 mètres aux JO de Barcelone a été arrêté à Paris, à son arrivée à l’aéroport d’Orly, par la police française, hier, mercredi 19 juin. Il est poursuivi en Norvège pour menaces sur des fonctionnaires, selon Brynjar Meling, procureur norvégien, menaces, violences contre son ex-épouse et pour l’enlèvement de ses deux enfants, Tarik et Selma, respectivement 17 et 20 ans aujourd’hui.

Il est accusé, devant la justice norvégienne, d’avoir retenu ses deux enfants mineurs au moment des faits, au Maroc, alors que la justice norvégienne avait accordé leur garde à leur mère norvégienne, Anne Cecilie Hopstock. La justice marocaine avait, elle, accordé leur garde au père. Le couple s’est séparé en 2007 alors qu’il vivait avec ses enfants depuis un an au Maroc. Ils se sont ensuite déchirés et disputés la garde des enfants d’un pays à un autre transformant un drame familial en affaire d’Etat.

Garde des enfants

Tout a commencé les 18 et 19 juillet 2009. L’ex-épouse de Khalid Skah faisait s’échapper ses deux enfants, âgés alors de 13 et 16 ans de la maison de leur père en direction de la Norvège avec l’aide d’un homme de confiance et le consentement voire la complicité de l’ambassade de Norvège au Maroc.

Fou de rage, leur père a remué ciel et terre pour obtenir le retour de ses deux enfants. Au cours du mois de juillet, l'ambassade de Norvège s’est plainte que son personnel recevait des menaces, des insultes et des intimidations de la part de l'athlète. Khalid Skah a même été arrêté devant l'ambassade où il proférait des menaces de mort.

Tant et si bien que dès août 2009, l’ambassadeur norvégien a porté plainte pour menaces et agressions. L’AFP révèle au même moment que Anne Cecilie Hopstock aurait également déposé plainte contre son ex-mari pour enlèvement, violences et menaces. Ces plaintes sont probablement à l’origine, aujourd’hui, de son arrestation à Orly.

Implication de l'ambassade

Hier, Khalid Skah a déclaré qu’il était convaincu que c'est une affaire politique dont le but est de couvrir l'action du gouvernement norvégien contre lui au Maroc en 2009, a rapporté le procureur Brynjar Meling à TV2. Le 17 août 2009, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération qui soutenait l’athlète a souligné dans un communiqué que les autorités norvégiennes «ne sauraient ni ignorer, ni minimiser la nature des manquements commis à Rabat par leurs diplomates […]».

En février 2010, une porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, Ragnhild Imerslund, avait reconnu l’implication directe de l’ambassade. «Un diplomate a conduit les enfants sur une petite distance pour les livrer à une personne de confiance désignée par leur mère, à qui la justice norvégienne a accordé la garde», avait-elle indiqué.

Affaire d'Etat

«La vie des enfants avait été menacée. Nous ne pouvions pas juste les relâcher dans la nature. Nous n'avons joué aucun rôle dans la fuite des enfants. Il s'agissait d'une action privée, organisée par la mère des enfants malgré nos conseils. Nous souhaitions de notre côté trouver une solution politique et diplomatique», a ajouté Ragnhild Imerslund, ministre des Affaires étrangères norvégien.

Le gouvernement marocain n’avait pas cru à la thèse d’une implication consentie du bout des lèvres. «Le départ précipité de l’ambassadeur Bjorn Olav Blokhus de Rabat, le rappel prématuré à Oslo de Stein Haugen, attaché de police chargé de l'immigration, après avoir passé moins d'une année à Rabat, […] ainsi que la nomination d'un nouveau chargé d'affaires, constituent des preuves supplémentaires de la responsabilité de l'ambassade» dans l’exfiltration des deux mineurs, avait estimé le ministère des Affaires étrangères marocain.