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Ecole française au Maroc : Le faible niveau de l'enseignement de l'arabe inquiète les parents

De plus en plus de jeunes marocains scolarisés à la mission française éprouvent des difficultés au niveau de la maîtrise de la langue arabe. Déplorant la qualité de l’enseignement de cette langue, les parents d’élèves montent au créneau ces dernières années et réclament un meilleur enseignement de l’arabe pour que leurs enfants aient des bases solides, les lacunes s’avérant souvent préjudiciables quand ils doivent travailler au Maroc après leurs études.

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«Le statut de la langue arabe dans les lycées français au Maroc est extrêmement compliqué. Il y a un nombre important d’élèves marocains qui connaissent très mal l’arabe et qui éprouvent de grosses difficultés dans l’apprentissage de cette langue», a déclaré Claudine Pierre, secrétaire nationale du Syndicat Général de l'Éducation Nationale- CFDT de l’étranger et professeur agrégé d’histoire au Lycée Lyautey de Casablanca, lors de son intervention dimanche dans l’émission «La Rue des écoles» diffusée sur France culture. Elle estime qu’alors que les élèves passent «énormément du temps à apprendre l’arabe» -soit 5 heures par semaine au primaire et 3 heures au secondaire- en raison de l’accord entre le Maroc et la France, «les résultats en arabe au lycée Lyautey sont très moyens, souvent très décevants».

Des enfants incapables de prononcer une phrase en arabe

Mais en réalité, le constat est général. «Ce n’est un secret pour personne, le niveau d’arabe des élèves marocains dans les écoles françaises est très faible», lâche comme pour confirmer une ancienne responsable d’association de parents d’élèves à Rabat dans un entretien avec Yabiladi. En effet, le sujet revient de plus en plus dans les discussions de parents d’élèves ces dernières années. Les Marocains ayant inscrit leurs enfants dans les écoles françaises se disent satisfaits de l’éducation dispensée, leur seul regret cependant reste la non-maitrise de l'arabe.

«Il y a une dizaine d’années en arrière, les parents n’y faisaient pas vraiment attention. Mais depuis quelques années, ils sont de plus en plus inquiets» fait remarquer à Yabiladi Hayat Nassif, vice-présidente de l’Union des conseils des parents d’élèves (UCPE) dans les écoles de l’AEFE à Casablanca et présidente de la section du Lycée Lyautey. «En fait, les parents se sont retrouvés avec des enfants de 15 ans qui ne savent même pas aligner une phrase en arabe. Ayant souvent eux-mêmes fait la mission française, ils se souviennent qu’à cet âge, ils parlaient couramment l’arabe. A partir de ce moment, les parents s’interrogent sérieusement», explique une autre responsable d’association de parents d’élèves ayant requis l’anonymat.

La qualité de l'enseignement, le coeur du problème

Face à cet inquiétant constat, les associations ont mené de petites études autour de l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises pour déceler la cause de ce qu'elles considèrent jusqu'à présent comme «un échec». Et selon ces organisations, le problème commence dès le primaire. «Avec 5 heures de cours d’arabe par semaine, les enfants ont suffisamment de temps pour obtenir les bases nécessaires, mais le souci réside dans la qualité de l’enseignement. Les manuels que nos enfants utilisent actuellement datent d’il y a très longtemps et n’ont pas été actualisés», nous explique Mounia El Omari qui a dirigé l’étude au sein de l’UCPE. D’après elle, beaucoup d’enfants se découragent face à leurs lacunes et le fait serait si problématique que mêmes les enfants provenant du système privé marocain voient leur niveau en arabe dégringoler après l’intégration d’une école française. Idem pour les élèves français pour qui l’apprentissage de la principale langue de leur pays d’accueil est compromis.

Les parents d’élèves sont d’accord sur une chose : «nous ne mettons pas nos enfants dans des écoles françaises pour qu’ils deviennent des poètes arabophones, mais nous voulons qu’ils reçoivent au moins les bases comme c’est le cas pour l’anglais». Ainsi pour combler les lacunes de leurs petits, de nombreux parents font appel à des cours de soutien.

Les explications du CEA

Toutes ces réalités, le Centre d’études arabes (CEA) en est conscient. Rattaché à l'Ambassade de France et chargé de gérer l'enseignement de la langue et de la culture arabes dans les établissements français au Maroc, c’est lui qui établit les manuels et supports pédagogiques. Dans le compte-rendu d’une rencontre organisée autour du même sujet au Lycée Descartes de Rabat en mai 2015, le Centre qualifie cependant la tâche de «complexe et il est difficile d’y apporter des réponses définitives» en raison de «la nature même de la langue arabe».

Le CEA évoque la diglossie de la langue, son caractère consonantique ainsi que les difficultés rencontrées par les professeurs, entre autres l’hétérogénéité du public et des cursus ou encore le fait que les enseignants marocains ne se considèrent pas forcément comme des profs de langue vivante. Tout cela contribue, selon l’institution dirigée par Jean Pierre Millé, à compromettre le plein succès des enfants dans l’apprentissage de l’arabe. En 2015 d’ailleurs, les évaluations en fin de CM2 sur l’ensemble des écoles françaises au Maroc ont donné un taux de réussite de 75% pour les cursus de 3h et 60% pour les cursus de 5h.

La rentrée 2017, celle du changement ?

Actuellement en pleine fin d’année, l’heure est également aux préparatifs de la prochaine rentrée. Pour améliorer la situation, le CEA a préparé un plan d’action avec notamment la sortie de nouveaux manuels en septembre prochain, ou encore ce qu’il appelle la «généralisation des  bonnes pratiques» (théâtralisation, Débats argumentés)…

De leurs côtés, les associations de parents d’élèves enchainent les réunions au menu desquelles les sujets lié à l’enseignement de l’arabe ne manque pas. Elles espèrent que le plan d'action portera enfin des fruits, mais en attendant, les parents s'exhortent réciproquement à parler la langue avec les enfants à la maison. «Mis à part les personnes issues de certaines professions, de droit notamment, les parents [qui scolarisent leurs enfants dans les écoles françaises] parlent généralement français avec leurs enfants», admet une responsable qui avoue se prêter personnellement à l'exercice. Et d'ajouter : nous nous encourageons à leur parler l'arabe plus souvent afin qu'ils aient l'oreille».

Perte de temps
Aothor : UnChamali
Date : le 22 juin 2016 à 01h54
Les écoles Françaises existent depuis des dizaines d'années au Maroc. Ont formés des milliers de cadre Marocains épanouies.
Et c'est seulement maintenant que des parents découvrent qu'il y a de l'arabe (darija, amazigh) au Maroc? Est ce la faute des écoles Française ?

Le problème ne vient pas des écoles, mais bien de ces parents d'aujourd'hui et de la mentalité actuelle. Ils se comportent comme des clients. Sans respect. Comme partout , le jeu des associations et des groupes de pressions dénature tout. La dictature des minorités revendicatives. Comme les barbus en Europe qui demandent des cours de religion aux universités.