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Le Maroc a-t-il demandé des explications à la Russie suite à l’accueil chaleureux réservé à une délégation du Polisario, conduite par M’Hamed Khadad, en visite la semaine dernière à Moscou ? La publication ce mardi par l’ambassade russe à Rabat d’un communiqué sur les circonstances de ce déplacement, après quelques jours de silence, n’est guère fortuite.
La chancellerie a tenté de justifier les entretiens de haut niveau entre le coordinateur du Front avec la Minurso et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, par le souci de connaitre la position d’une partie prenante du conflit au Sahara occidental. Bogdanov assume également les fonctions de représentant spécial de Vladmir Poutine pour le Moyen-Orient et les pays d'Afrique. C’est dire l’importance de ce diplomate dans le cercle qui exerce le pouvoir à Moscou.
Un message adressé au Maroc ?
Sur les traces de l’Espagne, l’ambassade russe a elle aussi rompu le silence. «La partie russe a confirmé l’immuabilité de la position de la Russie, fondée sur la nécessité de trouver une solution politique mutuellement acceptable à ce problème de longue date, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies», indique le communiqué parvenu ce mardi à Yabiladi. Et l’ambassade russe à Rabat d’ajouter que «la Russie est engagée à poursuivre sa coordination avec toutes les parties concernées et tout particulièrement avec les partenaires du Club des amis du Sahara occidental en vue de parvenir à une solution» au différend territorial. Un Club qui compte l’adhésion des Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne et la Russie. Traditionnellement, Washington remet la mouture du projet de résolution à ses membres avant de la diffuser aux autres Etats siégeant au Conseil de sécurité.
Contrairement à l’échec de la visite de Brahil Ghali aux Etats-Unis, Khadad a visiblement réussi sa mission. Outre les entretiens avec Mikhail Bogdanov, une chaîne publique a consacré du temps à la délégation accompagnant le coordinateur du Front avec la Minurso. Un député du Parti Russie juste (centre gauche), qui soutient la politique de Poutine, a également pris langue avec les polisariens.
L’accueil de Khadad et les siens à Moscou, à seulement quelques semaines de l’échéance d’avril au Conseil de sécurité, n’est pas sans soulever des questions. Est-ce là un message de la Russie au Maroc ? Le 20 avril 2016 à Ryad, à l’occasion du premier Sommet Maroc-Etats du Golfe, le roi Mohammed VI avait déclaré que «le mois d’avril, qui coïncide avec les réunions du Conseil de sécurité sur l’affaire du Sahara, est devenu un épouvantail qu’on agite à la face du Maroc et, parfois, un moyen de pression ou d’extorsion».
