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«Hirak» : Une leçon tunisienne

Le mouvement de contestation en Tunisie, qui a commencé il y a trois mois, s’est conclu sur une note positive. Gouvernement et protestataires sont parvenus à un accord. Au Maroc, le mouvement de contestation dans le Rif se poursuit encore. A la différence du «Hirak» marocain, le tunisien a bénéficié de la présence d’une force crédible qui a joué admirablement le rôle de médiateur.

Manifestation à Tataouine en Tunisie / Fathi Nasri - AFP
Photo de manifestants du Hirak, dans le Rif. / Ph. Youssef Boudlal - Reuters

Après plus de trois mois de contestation et de violents affrontements avec les forces de l’ordre, les représentants du «Hirak» à Tataouine et les autorités tunisiennes ont convenu d’enterrer la hache de guerre. Les deux parties ont signé, hier, un accord mettant ainsi un terme au blocage de la production du pétrole dans la région.

Les habitants réclament une répartition des richesses et surtout un accès prioritaire à leurs enfants dans les sociétés pétrolières. Des heurts ont été enregistrés entre les jeunes protestants et la gendarmerie, causant le décès en mai d’un manifestant. Un drame qui n’a pas pour autant empêcher la poursuite du dialogue.

Le Maroc en manque d'une «UGTT»

Cette entente est le fruit d’une médiation menée avec succès par le puissant syndicat UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens). La centrale n’est d’ailleurs pas à son premier coup d’éclat. Elle avait activement participé, en août 2013, aux négociations ayant convaincu les islamistes d’Ennahda de Rached Ghannouchi à accepter son plan de crise et renoncer au pouvoir au profit d’un gouvernement de transition composé essentiellement de technocrates.

Au Maroc, une force crédible du calibre de l'UGTT manque cruellement pour persuader les membres du «Hirak» au Rif de déclarer une trêve. Des représentants de la société civile réunis sous la bannière de l’ «Initiative civile pour le Rif» mènent depuis plusieurs jours une médiation. Pour l’instant, et malgré des visites à Al Hoceima et Nador et une médiatisation dont elle bénéficie particulièrement de la part de médias officiels, les résultats se font encore attendre.

Manifestement l’«Initiative» marocaine n’a pas la crédibilité dont bénéficie l’UGTT en Tunisie. Et pour cause, il y a parmi eux d’anciens adhérents du PAM, tel Salah El Ouadiî, ancien porte-parole du Tracteur, Abdeslam Boutayeb, un membre du PAM ou ceux ayant flirté avec cette formation comme Mohammed Nachnach (ancien président de l’OMDH).

A ce constat s’ajoute la réticence de certains militants du «Hirak» à emprunter la voie du dialogue. Ce qui n’est pas le cas pour les manifestants de Tataouine qui ont accepté de lever le blocus en échange de postes d’emplois dans les sociétés pétrolières.