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L'ouverture de la profession d'adoul aux femmes divise les cheikhs salafistes

La décision du roi Mohammed VI d’ouvrir le métier d’adoul aux femmes suscite des remous dans les cercles salafistes.

Photo d'illustration - DR
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Le porte-parole du Palais royal, Abdelhak Lamrini a lu un communiqué, lundi 22 janvier lors du conseil des ministres, annonçant la décision du roi Mohammed VI d’ouvrir la profession d’adoul aux femmes. Le Conseil supérieur des oulémas du Maroc a émis un avis favorable à cette mesure, a précisé le porte-parole. Le monarque avait chargé le ministre de la Justice de mener une étude sur cette question. C’est donc Mohamed Aujjar qui travaille désormais à l’opérationnalisation de cette décision.

Les femmes pourront, pour la première fois au Maroc, se charger de la rédaction d’actes de mariage, de divorce et de vente et d’achat de lots de terrain. Une décision qui a cependant suscité la polémique, certains considérant qu’elle n’est pas compatible avec la charia islamique. D’autres en revanche estiment qu’il s’agit d’un pas en avant qui rehausse la place de la femme dans la société.

A rebours de la charia

Le cheikh salafiste Hassan Kettani a fait part de son opposition à cette décision dans une publication sur Facebook. Selon lui, les personnes témoins lors d’un contrat de mariage doivent obligatoirement être des hommes, leur témoignage étant valide si toutes les conditions sont réunies. «Le contrat de mariage établi devant deux femmes n’est pas valide, selon le madhab des imams Ahmed Ibn Hanbal et Chafii et le madhab d’Abi Hanifa», écrit Hassan Kettani.

Ce dernier argue que l’imam Malek, à l’origine de la doctrine malékite, appliquée au Maroc, avait été «sollicité sur le fait qu’une femme devienne témoin. Ce dernier a répondu : il n’est pas autorisé qu’une femme soit témoin (…) dans le divorce ou le mariage». «Le contrat de mariage se faisait en présence d’un témoin homme et de deux femmes. Les Oulémas ne sont pas d’accord sur ce sujet», ajoute-t-il.

La femme peut être juge, pourquoi pas adoul ?

Le cheikh salafiste Mohamed El Fizazi salue en revanche cette mesure : «Le métier d’adoul n’existe pas dans l’Islam, c’est un métier actualisé. Les musulmans peuvent tous être adoul, sauf quelques exceptions, notamment s’il a été prouvé qu’ils ont commis un acte contraire à la charia islamique.»

«Le commandeur des croyants est le dirigeant du pays. Il a donné l’ordre au Conseil supérieur des oulémas de permettre aux femmes de devenir adoul. Ce dernier a approuvé la décision. Nous sommes dans un pays constitué d’organisations, c’est pourquoi nous devons respecter le Conseil supérieur des oulémas.»

«Comment pouvons-nous accepter qu’une femme soit juge, notaire, mais que l’on refuse qu’elle soit adoul pour être témoin lors d’un mariage», s’insurge Mohamed El Fizazi. Ce dernier de préciser : «L’acte de mariage intervient pour protéger les intérêts des enfants et des époux. Ce qui le rend halal ou haram, c’est la présence de conditions au préalable, comme le consentement, la présence du tuteur, de témoins adouls et la dote.»

Le cheikh salafiste insiste sur le fait «[qu’il n’a] rien contre l’idée que les femmes deviennent adoul». Il juge «inacceptable» que la société ait des femmes juges, médecins, avocates et policières, mais pas adouls».