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Prosélytisme chiite : La Mauritanie convoque l'ambassadeur iranien

Depuis la visite du président Mohamed Ould Abdel Aziz à Téhéran en 2010, le nombre de Mauritaniens convertis au chiisme a grimpé en flèche, au point que l’un d’eux a été hissé au rang de représentant des fidèles chiites en Afrique. Mais huit ans après avoir déroulé le tapis rouge aux Iraniens, Nouakchott a décidé de changer son fusil d’épaule. 

Des pèlerins chiites en route pour Kerbala, en Irak, considérée comme l'un de leurs lieux saints. DR
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Les relations entre la Mauritanie et l’Iran ne sont plus au beau fixe. En cause, le prosélytisme chiite mené par la représentation diplomatique de Téhéran à Nouakchott, indique le site Saharamedia.net.

Ainsi, l’ambassadeur iranien, Mohamed El Amrani, a été convoqué vendredi au ministère des Affaires étrangères pour se voir signifier les vives protestations des autorités mauritaniennes à l’égard des activités de «Majmaâ Imam Ali», association installée dans la capitale et proche de l’ambassade.

Aussi ont-elles demandé à l’ambassadeur de suspendre les activités de cette instance culturelle qui, selon elles, menace la stabilité du pays, ajoute la publication en ligne. Elles ont également pris la décision de nommer un nouvel imam de la «Majmaâ» qui leur soit acquis et ne recevrait pas ses ordres d’Iran.

Une lune de miel depuis 2010

Ce tour de vis contre les sphères d’influence chiite s’est poursuivi ce mercredi avec la fermeture de deux centres culturels à Nouakchott. Ce processus, qui est appelé à durer dans le temps, rapprochera davantage le pays avec ses alliés du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Deux Etats avec lesquels le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz entretient d’étroites relations. En témoigne la rupture des relations avec le Qatar en mai 2017 en solidarité avec Ryad et Abou Dhabi.

Cette tension permet également au président de regagner la confiance des dignitaires religieux et politiques sunnites ; de quoi accroître ses chances de briguer un 3e mandat à l’élection présidentielle de 2019. Auparavant, des voix avaient mis en garde les autorités contre l’expansion iranienne, comme le président du Parti Al Islah, le député Mohamed Ould Ahmed Talben, et l’imam Ahmadou Ould Imrabet.

Et pour cause, cette forte présence des chiites en Mauritanie ne s’explique autrement que par le déroulement du tapis rouge du président mauritanien aux Iraniens. C’est en effet au lendemain de sa visite à Téhéran, en 2010, que des Mauritaniens convertis avaient commencé à donner de la voix.

Depuis ils ont un leader, Bakkar Ould Bakkar, qui n’hésite pas à revendiquer plus de 50 000 fidèles. Il accuse le pouvoir de «persécuter les chiites» et multiplie les pèlerinages vers les villes sacrées du chiisme en Irak et en Iran. Signe de l’importance numérique de la communauté chiite en Mauritanie, l’élection en août 2016 de Ould Bakkar en tant que chef de tous les chiites africains.