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France : La fiabilité des décomptes des actes antisémites et islamophobes remise en question

Le recensement des plaintes pour des actes jugés antisémites ou islamophobes n’est pas toujours fiable, selon le sociologue Marwan Mohammed. Sans compter qu’aucune étude sur l’accueil réservé aux victimes dans les commissariats n’a été effectuée.

Un tag «juden» («juifs» en allemand) a été trouvé sur la vitrine d’un Bagelstein à Paris, dans la matinée du samedi 9 février. / Ph. Capture Twitter
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Vandalisme des deux arbres plantés en mémoire de Ilan Halimi, croix gammée sur des portraits de Simone Veil, tag antisémite sur la vitrine d’un restaurant parisien de bagels… Le week-end dernier a été marqué par une série d’actes anti-juifs recensés en région parisienne.

Lundi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a dénoncé une flambée de la violence antisémite, ponctuant ses déclarations d’un chiffre alarmant : les actes antisémites ont augmenté de 74% en 2018, rapporte le Monde. Mais quid de la fiabilité des décomptes des actes racistes, s’interroge le journal français.

Concernant la communauté musulmane, le Monde rappelle que le décompte des agissements visant les Français de confession musulmane est assuré par deux institutions : l’Observatoire national contre l’islamophobie, créé en 2011 sous l’égide du Conseil français du culte musulman (CFCM), et le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). L’Observatoire et le CCIF travaillent de concert avec le ministère de l’Intérieur, garant de la validation officielle des chiffres communiqués par les instances représentatives de l’islam, mais aussi du judaïsme.

Le recensement des plaintes pas toujours fiable

Les actes antisémites et antimusulmans désignent l’ensemble des «actions» et des «menaces» ayant fait l’objet d’une plainte ou d’une main courante auprès de la police. Or cette méthodologie, si elle est «rigoureuse», écarte malgré elle tous les actes dont les victimes ne portent pas plainte.

«Le recensement des plaintes pour mesurer l’islamophobie est une donnée relativement fragile. Dans les études de victimation, on remarque que le taux de plainte est plutôt faible sur ces questions, expliquait au Monde en 2014 le sociologue Marwan Mohammed. Nous ne disposons pas non plus d’étude précise sur l’accueil qui est réservé aux victimes d’islamophobie par les policiers et la plainte peut ensuite être requalifiée, par exemple en incitation à la haine raciale.»

Le CCIF a donc décidé de dénombrer les actes islamophobes par ses propres moyens. Ainsi, il s’appuie sur les remontées directes des victimes, dont il assure vérifier l’authenticité des documents et des témoignages. En 2017, il a enregistré 446 actes islamophobes, contre seulement 82 pour l’Observatoire national contre l’islamophobie.

Pour rappel, suite aux attentats de janvier et de novembre à Paris, l’année 2015 avait enregistré un taux record d’actes antimusulmans : 429 actes avaient été signalés, contre 182 en 2016, soit une baisse de 57,6%.

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