Comment avez-vous débuté dans le Taekwondo ?
J’ai commencé à l’âge de 3 ans. Mon père m’avait inscrit avec mes frères et soeurs dans le club le plus proche de mon quartier à Casablanca. Au départ, c’était juste pour pouvoir pratiquer un sport. Par la suite, avec les compétitions, je me suis progressivement impliquée dans ce sport. Je me souviens, mon premier tournoi, c’était en catégorie poussins : j’ai fait des combats avec des garçons, et je suis sortie 3e.
J’ai remporté mon premier titre officiel lors des championnats du Maroc juniors en 2003. En 2005, j’étais championne du Maroc dans la catégorie des -49 kg, puis j’ai remporté la coupe francophone. Ces succès m’ont ouvert les portes de l’équipe nationale. Les coaches se sont rendus compte que je pouvais porter le drapeau marocain et ont commencé à me faire participer à des tournois. Mes bons résultats les ont confortés dans leur choix.
Il est rare de voir des filles se tourner vers des sports de combat. Qu’est-ce qui vous a motivé ?
On ne peut pas dire que j’aie vraiment eu le choix, vu que c’est mon père qui m’a orientée vers cette discipline. Néanmoins, en m’impliquant progressivement dans ce sport, je ne me suis pas trouvée différente même si, à l’époque, j’étais la seule fille du club.
Des modèles ?
Pas en particulier. C’est vrai que j’ai observé des champions turcs et iraniens pour en apprendre plus sur leurs techniques, mais personne en particulier. Pour moi, l’essentiel est de s’entraîner pour avoir des médailles.
Vos premières grosses sensations en équipe nationale ?
Les championnats du monde au Danemark en 2009. Malheureusement, je suis sortie au premier tour. J’étais bien préparée, mais j’ai eu une blessure. De plus, j’avais en face de moi une redoutable combattante. J’étais déçue, mais je me suis dit que je devais redoubler d’efforts pour les prochaines compétitions.
Deux ans plus tard, vos efforts ont été récompensés avec une médaille d’argent. Une épreuve difficile ?
Vous savez, aborder les Mondiaux de Gyeongju n’était pas évident, surtout au niveau psychologique, car nous allions dans le pays d’origine du taekwondo. J’étais assez stressée au départ. J’ai progressivement pris confiance et j’ai fini par me dire que j’avais la force d’aller chercher une médaille.
En traversant les quarts de finale, l’objectif était atteint car j’étais sur le podium. A partir de ce moment là, j’étais de plus en plus motivée pour gagner le titre, un exploit qui n’avait jamais été réalisé auparavant. Malheureusement, en finale, je n’ai pas trouvé la bonne formule assez tôt et j’ai perdu. Les Jeux olympiques de 2012, c’est mon rêve. Je suis motivée pour porter le drapeau marocain toujours plus haut. Pour le moment la préparation avance bien, pourvu que ça continue comme ça.
Comment arrivez-vous à gérer votre vie d’étudiante en management et de sportive de haut niveau ?
C’est vraiment très difficile : pour l’instant je m’en sors, mais je souffre énormément. Je savais dès le départ qu’il fallait que je m’applique au niveau des études, mais en même temps je ne voulais pas lâcher mon sport. J’ai donc dû faire beaucoup de sacrifices pour tenir les deux bouts. Avec des parents enseignants, vous imaginez combien cela aurait été difficile d’être une mauvaise élève ! Par exemple, lorsque je suis revenue récemment d’un stage de l’équipe nationale aux Etats-Unis, j’ai un peu souffert du décalage horaire. Il fallait que je rattrape des heures de sommeil, pourtant je devais également aller en cours. Quand j’en ai parlé à mon père, il ne voulait rien entendre (rires).
Si le taekwondo n’existait pas que feriez-vous ?
Je me suis toujours posé cette question, mais actuellement je ne trouve pas de réponse, tant le taekwondo joue un rôle important dans ma vie. Il y comble tellement de vides. Quand j’étais toute petite, je rêvais d’être ingénieur mais en m’investissant dans le taekwondo, j’en ai inconsciemment fait toute ma vie.