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France : L’athéisme aurait le vent en poupe chez les musulmans

La thèse de Houssame Bentabet, tout juste achevée, traite de «l’abandon de l’islam» chez les musulmans de France. Un phénomène, en plein essor selon le sociologue, et qui contraint notamment cette communauté au mutisme et à la discrétion. Détails.

Image d'illustration. / Ph. DR
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«L’abandon de l’islam : de l’irréligiosité au reniement de la foi chez les musulmans de France». C’est le sujet sur lequel s’est penché Houssame Bentabet dans une thèse qui fait écho entre autres à la conférence internationale tenue du 22 au 24 juillet dernier à Londres. Cette manifestation, organisée par le Conseil des ex-musulmans d’Angleterre, s’est voulue une manière de dénoncer «notamment la condamnation à mort des ‘apostats’ dans l’islam», explique le quotidien français La Croix.

Elle vient ainsi confirmer un certain essor de ce phénomène d’athéisme chez les musulmans d’Europe et plus particulièrement en France, ce que confirme le travail de recherche de Houssame Bentabet. Dans les faits, le «plus grand rassemblement d’ex-musulmans dans l’histoire» avait pour but de réunir plusieurs anciens musulmans mais également des croyants homosexuels ou transgenres, afin qu’ils témoignent de leur vie aux côtés de libres penseurs, explique la même source.

Le Conseil des ex-musulmans est une institution qui émerge, depuis sa création en Grande-Bretagne par l’Iranienne Myriam Namazi en 2007, un peu partout en Europe et dans certains pays musulmans. L’antenne en France est dirigée par Waleed Al-Husseini, originaire de Palestine. «Ce rassemblement n’est pas une première, mais il est significatif», explique le sociologue Houssame Bentabet. Et de préciser :

«Sauf en Grande-Bretagne, où l’association est officielle, ces structures restent généralement informelles en raison des menaces de mort qui pèsent sur leurs membres et fonctionnent plutôt comme des réseaux.»

Une discrétion arbitraire au quotidien

Le chercheur pointe notamment que dans certains pays ou milieux, «il reste plus difficile d’avouer son athéisme que son homosexualité.» Une discrétion à laquelle ces personnes sont contraintes surtout dans le monde musulman. C’est en tout cas ce que souligne dans son travail de recherche Houssame Bentabet, en expliquant entre autres «les ‘processus’ très divers par lesquels ces anciens croyants se distancient de l’islam.»

Le fer de lance de ces «militants» pour la plupart, n’est autre que la lutte contre les condamnations à mort des apostats. Parmi eux, d’autres se qualifient seulement «comme des ‘libre penseurs’» qui ne rejettent pas la religion islamique, du moins officiellement. Enfin, une dernière tranche refuse «le terme ‘d’ex-musulmans’ et souhaiteraient simplement vivre en paix comme athées», explique le sociologue.

La Croix cite aussi un rapport intitulé «Un islam français est possible» et publié pour l’Institut Montaigne, qui s’intitule où Hakim El Karoui, essayiste et banquier de formation, qui déclare que «15% des personnes ayant au moins un parent musulman se déclaraient ‘non-musulmanes’». A contrario, 7,5 % d’autres se disaient musulmanes sans qu’un de leurs deux parents ne le soient. De ce fait, «les trajectoires de ‘sortie’ de la religion musulmane – ou de désaffiliation – apparaissent deux fois plus importantes que les trajectoires d’entrée ; prenant à rebours les représentations faisant de l’islam une religion attirant massivement des individus a priori éloignés de cette tradition», affirme-t-il.

Pour sa part, Houssame Bentabet souligne depuis 2014, lorsqu’il débute ses travaux, que «l’athéisme progresse et va continuer à progresser dans le monde musulman». «Et cela commence à faire du bruit», conclut-il.