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Pourquoi partent-ils tous ?
a
4 mars 2005 00:09
Article interessant sur jeune afrique,

Pourquoi partent-ils tous ?
MAROC - 27 février 2005- par PAR JACQUES BERTOIN

Trois millions de Marocains sont aujourd'hui expatriés : 86 % d'entre eux dans les pays de l'Union européenne, 9 % dans le monde arabe et 5 % en Amérique. Ce sont donc plus de trois millions de personnes qui ont été déposées sur « l'autre rive » après s'être laissé emporter par les « flux migratoires », expression contemporaine désignant un immémorial exil. Un Marocain sur dix, au moins, vit aujourd'hui à l'étranger. Et chaque année, ce sont encore plus de 100 000 candidats au départ qui se mêlent aux touristes dans les ports et les aérogares du Maroc, pour ne pas dire sous les camions et sur ses plages. Aucun grand pays, dans l'Histoire, n'a subi une hémorragie d'une telle importance, sur une aussi longue période.
Changer de lieu, faute de pouvoir changer le monde. Parfois au péril de sa vie. Pour ne pas revenir. Sauf en vacances, quand les circonstances s'y prêtent. Ou en rêve. Parce qu'on n'a pas oublié, quand on est « là-bas », qu'on sera toujours « d'ici », parce qu'on a conservé sa nationalité d'origine, qu'on n'a pas rompu les liens avec la famille, que résonnent encore les rumeurs de la médina et qu'on a, sur la langue, le goût du tajine ou du thé à la menthe...

Concernant les premières vagues de l'émigration, on peut encore comprendre : l'Occident, qui avait besoin de chair à canon pour ses guerres et d'ouvriers pour ses usines, a jeté ses filets sur des populations démunies, raflées dans les villages du Sud avec la complicité de rabatteurs locaux. Plus tard, la misère des agriculteurs victimes de la sécheresse, le chômage des jeunes que l'exode rural a jetés dans les rues des villes, la répression policière qui sévissait durant les « années de plomb », le sous-équipement des hôpitaux, le manque de maîtres dans les écoles publiques et plus généralement le différentiel de richesse existant entre le Maroc et l'Europe prospère des « Trente Glorieuses » se sont chargés d'alimenter une émigration qui n'a pas faibli malgré la fermeture progressive des portes de la « forteresse Schengen ».

Mais aujourd'hui ? Incontestablement, plusieurs de ces causes subsistent. Toutefois, elles ne sauraient suffire à elles seules à justifier la persistance d'une telle pression migratoire. Comment expliquer en effet, dans un pays jouissant désormais, au contraire de tant d'autres, d'une paix civile durable, où la population bénéficie d'une liberté d'expression enviable, où le débat démocratique s'est largement ouvert et où tous les indicateurs économiques ne sont pas dans le rouge, que le désir d'émigrer y confine encore si souvent à l'obsession ? Parmi les jeunes de moins de 30 ans interrogés en 2001 par l'AFVIC (Association des familles et victimes de l'immigration clandestine), la quasi-totalité de ceux ne disposant pas d'un revenu stable (94 %), la plupart des lycéens (82 %) et une majorité d'étudiants (54 %) ont déclaré qu'ils avaient « l'idée d'aller vivre en Europe ».

Une autre manière de nommer ce « syndrome du départ » qui frappe désormais, au Maroc, l'ensemble de la population. Non seulement les plus défavorisés, mais aussi les coeurs à prendre, la classe moyenne des diplômés (il est bien connu que les ingénieurs informaticiens de l'École Mohammedia se sont exilés par promotions entières), voire les négociants nantis qui vendent leurs biens avant de s'expatrier, les intellectuels et les artistes qui s'en vont donner ailleurs la pleine mesure de leur talent ou les professeurs qui occupent au Canada les chaires des universités francophones.

Qu'ont-ils, ceux-là, qui les pousse à fuir à tout prix la terre où ils sont nés ?

Moins telle ou telle raison objective que des sentiments, à commencer par cette conviction qu'une unique clé, le visa, est susceptible de déverrouiller leur vie dans une société marocaine à jamais bloquée. La culture de l'émigration se nourrit de toutes les peurs - l'inévitable triomphe des islamistes, sinon le chaos annoncé d'une explosion sociale -, de tous les fantasmes - avivés sans répit par les télé-réalités étrangères -, de toutes les rancoeurs - vis-à-vis d'une hiérarchie injuste, ou seulement d'un rival chanceux - et de toutes les humiliations subies au pays du « Makhzen ».

En fin de compte, c'est la singularité marocaine elle-même qui alimente les départs, conçus non plus comme le passage d'un territoire à un autre, mais comme la fuite hors d'un espace clos vers un ailleurs supposé sans limites. Un horizon bordé par la mémoire, les retours estivaux et une bonne conscience qui se mesure en devises...



m
4 mars 2005 01:01
chère Almotanabi:


tout ce que tu dis et d'autres ont déjà dit et écris sur ce phénpmène ou sur la corruption n'a été entendu que par nous immigrés démunis de tout pouvoir,et nous compatissons;prenant part aux souffrances à ce problème que les marocains subissent issus de famille pauvres en général.
Merçi de l'avoir signaler pour la énième fois; mais comme d'abitude "sourdine"et d'autres un jour écrirons de nouveau et ainsi de suite jusqu'à l'infini.Si ce n'est pas malhereux!?!?!?!?!?!?!?!?
4 mars 2005 03:48
ce post doit etre lu...et compris par ceux qui viennet ici nous dire que tout est beau tout est gentil dans le plus beau pays du monde; le notre.
:o
H
4 mars 2005 03:53
Article qui me rend triste. Pourquoi je suis parti ? Cela fait très longtemps que je le dis et je le repete à mes amis : Si c'était à refaire je serais resté.
Avec tous les maux du Maroc, l'immigration n'en PAS vaut la la chandelle.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 04/03/05 04:09 par Hichamo.
4 mars 2005 04:01
alef marra ok avec toi mon frere.

la vie dans le plus beau pays du monde ne sera jamais "bonheureuse" que la vie chez soit.

le plus triste c'est que l'hymoragie contunue toujours et cette fois ce sont les "cervaux" marocains qui foutent le camp.

je déséspere?

parfaitement.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 04/03/05 04:02 par amir.
:o
x
4 mars 2005 04:07
Malheuseument, je ne peux pas être aussi affirmative que toi Hichamo. Je dirais plutôt que si c'était à refaire, je partirais encore,malgré le fait que la vie ici ne vaut pas un clou et que rien ne vaut d'être entouré de sa famille...

La vie au Maroc est IMPOSSIBLE!
4 mars 2005 04:21
le plus triste dans notre histoir a nous,immigrés ou exilés c'est qu' au moment de notre depart nous conservont notre age: a chaque fois qu'on retourne pour les "vacances" on ne se rend pas compte que ceux parmis notre famille et amis qui sont demeurés chez eux ont grandi.

nous parlons a eux comme si nous les avons jamais quitter.

on quittant son pays on arrete de grandir.
:o
x
4 mars 2005 04:24
Tout à fait!
C'est une sensation douleureuse que de savoir que le temps s'est arrêté pour moi le jour ou je suis partie...
H
4 mars 2005 04:32
Que vous me rendez triste les amis! Je vais au lit.

Le pire dans mon cas c'est que ça commence à faire des années que je me dis l'été prochain je rentre définitivement. Je suis venu chercher un diplôme. J'ai eu bien plus que ce que je suis venu chercher. Mais..... Le grand "Mais".... c'est le même "mais" qui est coincé dans la gorge de plusieurs d'entre vous.....
--------------"Généralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu." Rousseau.
4 mars 2005 04:34
encore:

le jour le plus triste c'est le jour du retour a l'enfer: notre deuxieme chez "nous".

c'est pour ça que j'ai décidé de rester ou je suis.

mais si tous ces compatriotes risquent leurs vies pour nous rejoindre dans notre enfer, le maroc doit etre l'enfer de l'enfer comme le mitar est la prison de la prison?

non?
:o
b
4 mars 2005 05:21
Il y a longtemps que j'ai quitté le Maroc. Mais, l'été passé en y retournant, j'ai eu un sentiment étrange, j'ai senti un fossé énorme, qui me séparait de tout ce que je chérissais : mes ruelles, mes anciennes écoles, mes anciens trajets, mes anciens parcours...
Je tenais à chaque fois, à rester à la maison, parler à ma très chère mère, la regarder toujours occupée à faire quelque chose, toujours occupée à prendre soin de nous, comme si nous étions toujours, ses petits poussins d'antan...
J'ai tracé ma frontière en m'apercevant, que ma mère était ma patrie. Elle a toujours, repésenté ce Maroc dont je rêvais : dévouement, sérieux, honnêteté, dignité, amour, tolérance et authenticité...
Je regardais les gens, avec les yeux, d'un étranger...entre la froideur et l'inquiétude pour les images que je garde de mon Maroc à moi...
Entre l'espoir accumulé, le quotidien qu'on vit ailleurs et la confrontation dure et simple...le rêve ne tarde pas à se briser...
Mon Maroc à moi, n'appartient à personne, il est l'oeuvre de tous ceux et celles, qui s'y mettent, coeur et âme, pour le garder éternel...
On ne le quitte, que pour y demeurer...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 04/03/05 05:22 par bolzo.
4 mars 2005 05:57
ce que que tu viens d'ecrire mon chere bolzo est vrai.

et j'ajoute:

nos sommes pas vraiment heureux ou nous sommes et meme ceux que nous avons fait naittre la ou nous sommes je ne crois qu'ils le sont.



mais bon, cest la vie.
:o
m
4 mars 2005 09:26

Il faut trouver la paix avec soi même peu importe l´endroit ou on a décider de vivre. Les problèmes sont seulement d´autre nature quant on émigre.
Une vie sans pronlèmes n´a, en effet, aucun sens.(make the best of it)

Si vous avez des enfants,il faut faire en sorte qu´ils apprennent la joie de vivre, être optimistes et surtout il faut investire (temps et argent) dans leur education. Ils seront de bon citoyens d´um monde qui devient de plus en plus petit.

Allah Ghaleb
L
4 mars 2005 13:31
marehba bikoume f bladkoume alors
b
4 mars 2005 14:58
je trouve tes lignes bien ecrites.

je partageais cette experience, cependant je suis devenu conscient d'une chose,pourtant assez banale: quand on part, on emporte avec soi une image du pays, du monde qu'on croit s'appropier. alors qu'on tourne on le croit la, a notre disposition, a notre attente. on ne se rend pas compte qu'il change et que les autres, si proches qu'ils nous soient, partent aussi, grandissent se marient, grossissent, demenagent, changent ou parfois disparaissent.

et plus notre abscence est longue plus notre image de ce monde est fixe et plus il nous "trahit", derriere notre dos. une fois de retour on ne retrouve plus les amis, les ruelles, les vieilles complicites. l'epicier du coin est remplace par un autre ou par son enfant qu'on connaissait un petit gamin, les cafes changent de proprietaires etc.

c'est etrange comme tu dis et notre reflexe est de retourner alors dans le creux de la confiance et de l'intimite, chez la tres chere mere.

ce qu'il faut donc, si on est interesse, c'est ajuster, renouer en commencant par accpeter le monde tel qu'il a change et tel qu'il continuera de le faire. le renouement est une des histoire les plus passionantes et les plus fortes, mais que la plupart de nous ratent !







bolzo a écrit:
-------------------------------------------------------
> Il y a longtemps que j'ai quitté le Maroc. Mais,
> l'été passé en y retournant, j'ai eu un sentiment
> étrange, j'ai senti un fossé énorme, qui me
> séparait de tout ce que je chérissais : mes
> ruelles, mes anciennes écoles, mes anciens
> trajets, mes anciens parcours...
> Je tenais à chaque fois, à rester à la maison,
> parler à ma très chère mère, la regarder toujours
> occupée à faire quelque chose, toujours occupée à
> prendre soin de nous, comme si nous étions
> toujours, ses petits poussins d'antan...
> J'ai tracé ma frontière en m'apercevant, que ma
> mère était ma patrie. Elle a toujours, repésenté
> ce Maroc dont je rêvais : dévouement, sérieux,
> honnêteté, dignité, amour, tolérance et
> authenticité...
> Je regardais les gens, avec les yeux, d'un
> étranger...entre la froideur et l'inquiétude pour
> les images que je garde de mon Maroc à moi...
> Entre l'espoir accumulé, le quotidien qu'on vit
> ailleurs et la confrontation dure et simple...le
> rêve ne tarde pas à se briser...
> Mon Maroc à moi, n'appartient à personne, il est
> l'oeuvre de tous ceux et celles, qui s'y mettent,
> coeur et âme, pour le garder éternel...
> On ne le quitte, que pour y demeurer...
>
>
>
> Edité 1 fois. Dernière modification
> le 04-03-05 05h22.


x
4 mars 2005 15:45
Bolzo, tes mots m'ont fait presque pleurer. Je vais probablement allae au Maroc cette année pour la première fois depuis longtemps et j'apréhende ce retour...

J'ai l'impression que, comme toi, je vais regarder mes enciens parcours, mes anciens tout avec les yeux d'une étrangère...
b
4 mars 2005 15:50
désolé, mon but n'était pas de vous faire pleurer. Mais, c'était plus pour partager un pincement de coeur et une nostalgie pesante.
J'espère que cet amour, que nous portons pour notre pays, nous motivera pour le meilleur.
Merci, pour votre écoute.
S
4 mars 2005 17:44
Bonjour Xara,

Je dirais la même chose que toi, j'ai quitté le Maroc en 1977, pour faire des études supérieures en France, j'y ai fait un 3ème cycle et je suis resté ici.
Le Maroc ne m'offrait aucune perspective malheureusement.
Nous sommes plusieurs à souffir dans notre coin, mais nous sommes prisionniers d'une fuite en avant comme dirait Tarik Ibn Ziad : Albahro warakoum wa al3dou amamakoum..."
Quoi faire maintenant ?
Y
4 mars 2005 18:26
Homa 2mrani 27lahoma Morro!!
Je pense qu'on est la ou on est parcequ'on a fait un choix ou parce qu'on a ete pousse vers L'avant ( qu'est l'inconnu). Ca demande du courage et resiliance de faire un tel choix, mais on sera Jamais " heureux" parce qu'on est tt simplement "PERDU". Et la nature des expatriers est de Critiquer tt: ICI et La bas! Pour moi, c'est ce qui me aide a survivre quoi que les natifs ont en marre!mais bon c'est un autre sujet!
On est une autre generation perdu! on fait qu'essayer de rejoindre nos sources; mais on aura la meme reaction une fois de retour! si retour y est! Bon courage les ami(e)s!
m
4 mars 2005 18:39

Un jour vos enfants auront la possibilité de dire:


- Je remercie mes parents ( père ou mère) d´avoir décidé de quitter le Maroc.

ou

- Je ne vois pas la raison pourquoi ils ont pris cette décision.


SVP faites tout pour entendre la première. Dans ce cas ils diront à Tarik Ibn Ziad. No problemes, on fait la navette par avion.






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